(Londres) Les premières sanctions du « Partygate » tombent : la police de Londres a annoncé mardi 20 amendes pour infractions aux règles anti-COVID-19 lors de fêtes organisées dans les cercles du pouvoir britannique, un scandale qui avait fragilisé le premier ministre Boris Johnson.

« Nous allons commencer aujourd’hui à envoyer 20 avis d’amendes pour des infractions à la réglementation liée à la COVID-19 », a indiqué Scotland Yard dans un communiqué sans préciser qui étaient les personnes sanctionnées.

Un porte-parole de Downing Street a ensuite précisé que Boris Johnson n’avait pas reçu d’amendes en l’état et que les médias seraient informés « si cela devait se produire ».

Ce scandale avait plongé dans une crise sans précédent Boris Johnson, qui était arrivé triomphalement au pouvoir en juillet 2019 et à la popularité longtemps inoxydable.

Un temps considéré comme sur un siège éjectable en janvier face aux défections dans sa majorité, le dirigeant conservateur semble avoir surmonté la crise, notamment en vantant son rôle moteur dans les sanctions infligées contre la Russie après l’invasion de l’Ukraine.  

Mais les conclusions de la police, qui considère donc que des infractions ont bien eu lieu, pourraient relancer l’affaire.

Scotland Yard a enquêté sur une douzaine de rassemblements en 2020 et 2021. Le premier ministre Boris Johnson aurait participé à une partie d’entre eux.

Les révélations de ces évènements parfois festifs dans les lieux de pouvoir pendant la pandémie, alors que les Britanniques étaient priés de réduire drastiquement leurs interactions sociales pour lutter contre la propagation de la COVID-19 ont ébranlé sa crédibilité.

Boris Johnson, dont la popularité a fortement chuté après ce scandale, avait fait son mea culpa devant les députés mais exclu toute démission, s’en remettant aux conclusions de l’enquête policière.

Cette dernière n’est pas encore terminée mais la police a promis de mettre « tout en œuvre » pour la faire progresser « rapidement » et a averti que d’autres amendes pourraient suivre s’il y a suffisamment de preuves d’infractions.

Appels à la démission

Si Boris Johnson est finalement reconnu coupable d’infraction, cela pourrait provoquer un vote de défiance de son camp conservateur qui est déclenché dès que 54 (sur 359) des élus tories le demandent. Une simple majorité suffirait ensuite pour l’évincer, lançant une compétition pour le remplacer.

Ce processus ne pouvant survenir qu’une fois en 12 mois, les conservateurs rebelles ont pour l’instant opté pour une prudence tactique, attendant de connaître les conclusions de l’enquête de police.

Sitôt connu le point d’étape de la police mardi, le Labour et le parti libéral-démocrate, dans l’opposition, ont de nouveau exigé le départ de Boris Johnson qu’ils jugent responsable.  

« Le premier ministre doit démissionner ou les députés conservateurs doivent l’évincer », a tweeté le leader du parti libéral démocrate Ed Davey.

Le dirigeant conservateur avait été étrillé dans un pré-rapport de la haute fonctionnaire Sue Gray, qui a souligné des « erreurs de leadership et de jugement ». Son rapport complet devrait être publié une fois terminée l’enquête de la police.

En plein tumulte, plusieurs membres de l’entourage de Boris Johnson avaient démissionné, dont son influente conseillère politique Munira Mirza, qui travaillait pour lui depuis 14 ans.

Les élections locales prévues en mai auront valeur de test quant à la crédibilité du Parti conservateur, au pouvoir depuis 12 ans. Outre le « Partygate », elles s’annoncent délicates en raison de la chute historique du pouvoir d’achat qui s’annonce cette année pour les ménages britanniques.  

Les quelques ristournes fiscales annoncées la semaine dernière par le ministre des Finances Rishi Sunak ont été très critiquées, y compris dans la majorité, jugées insuffisantes face à l’envolée des prix.