(Kharkiv) Le maire de Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, a dénoncé vendredi des bombardements russes « aveugles » et incessants sur sa ville, la deuxième du pays, qui ont fait, selon les autorités locales, au moins quatre morts vendredi.  

« La situation est aujourd’hui très difficile », a déclaré Ihor Terekhov, au cours d’un point de presse improvisé dans un lieu tenu secret et protégé des bombes.  

« Tous les jours, il y a des bombardements aveugles sur la ville et de nombreux tués », a-t-il dénoncé, en affirmant qu’ils visaient « des zones résidentielles, des civils, des infrastructures comme des écoles ».

« C’est une guerre contre Kharkiv, contre l’Ukraine, contre les civils », a fustigé l’édile, estimant que près d’un tiers des 1,5 million d’habitants ont fui la ville, située à une quarantaine de kilomètres de la frontière russe.

Les troupes russes, qui ont pénétré jusqu’aux faubourgs au premier jour de leur offensive le 24 février, ont été repoussées à plusieurs kilomètres en périphérie, où les combats se poursuivent.

La ville est depuis lors la cible de tirs quotidiens d’artillerie, de missiles et de bombardements aériens, qui ont fait « beaucoup de victimes », selon M. Terekhov, qui a cependant refusé d’en préciser le nombre.

Vendredi matin, l’un de ces bombardements a fait au moins quatre morts sur un quartier populaire proche de l’aéroport, selon les autorités locales.

Peu après la frappe et l’évacuation des victimes, l’ogive utilisée – une bombe à fragmentation, selon plusieurs habitants – gisait sur un carré de pelouse pelée, à côté de traces de sang.

Plusieurs autres bombardements, apparemment à la roquette, ont eu lieu dans la journée. Deux ont provoqué de violents incendies, dont l’un dans le district de Kyivskyi, où une conduite de gaz a été touchée, a-t-on constaté.

Jeudi, ce sont six personnes qui ont été tuées alors qu’elles faisaient la queue pour recevoir de l’aide humanitaire.

Les bombardements russes se concentrent sur le nord et l’est de la ville, mais le centre est également visé : de nombreux bâtiments officiels y ont été soufflés par les frappes depuis le début de l’invasion, comme en témoignent leurs façades éventrées.

Les survols et bombardements aériens russes ont cessé depuis une petite semaine, avec l’arrivée de nouveaux matériels de défense anti-aérienne, selon plusieurs responsables locaux.

Mais les frappes de missiles et de roquettes se poursuivent à intervalles réguliers, peut-on constater, avec par exemple 140 tirs de roquettes pour la seule journée de mercredi, selon les autorités.

« Il y a encore de nombreux saboteurs en ville, complices de l’envahisseur. Notre police lutte au quotidien pour les neutraliser », a par ailleurs expliqué le maire. La paranoïa règne, avec des contrôles serrés sur les nombreux check-points aux carrefours et un couvre-feu sévère.

« Notre ville est majoritairement habitée de russophones. Nous avons des frères et des amis en Russie. Mais nos relations avec le pays voisin ne seront plus jamais les mêmes », a reconnu le maire.

Kharkiv pourrait-elle être la prochaine Marioupol ? « Je ne connais pas les plans de l’armée russe. Et, oui, nous avons peur. Mais nous sommes unis et nous combattrons l’envahisseur », a-t-il conclu, en promettant une résistance « jusqu’au bout ».