(Berlin) L’offensive russe en Ukraine « s’enlise malgré toutes les destructions qu’elle provoque jour après jour », a estimé mercredi le chancelier allemand Olaf Scholz.

La « vérité est que la guerre détruit l’Ukraine, mais qu’en faisant la guerre (Vladimir) Poutine détruit aussi l’avenir de la Russie », a ajouté devant le Bundestag Olaf Scholz, assurant que Kyiv pouvait « compter sur l’aide » de l’Allemagne.

« Les images qui nous parviennent chaque jour d’Ukraine sont difficilement supportables : maisons détruites, hôpitaux bombardés, villes assiégées, soldats morts et de plus en plus de civils tués et blessés, des femmes et des enfants qui fuient avec le peu qu’ils ont pu emporter devant les chars et les missiles de Poutine », a dit le dirigeant allemand.

« Il est clair que les réfugiés sont les bienvenus chez nous », a-t-il lancé. L’Allemagne a déjà accueilli officiellement plus de 232 000 réfugiés ukrainiens.

M. Scholz a par contre réaffirmé que l’OTAN ne participerait pas directement au conflit. « Aussi difficile que cela puisse être, nous ne céderons pas aux exigences d’une zone d’exclusion aérienne. L’OTAN ne sera pas partie à la guerre », a-t-il dit.

Et il ne voit pas l’Allemagne, qui doit restreindre sa dépendance énergétique à l’égard de Moscou, renoncer à court terme aux livraisons de gaz ou de pétrole en provenance de la Russie. « Le faire du jour au lendemain reviendrait à plonger notre pays et toute l’Europe dans la récession », a-t-il averti. « Des centaines de milliers d’emplois seraient menacés. Des secteurs industriels entiers seraient en difficulté », a mis en garde M. Scholz.

« Les sanctions ne doivent pas frapper les États européens plus durement que les dirigeants russes », a-t-il martelé.

« Menace implicite » des Russes

M. Scholz exprime aussi ses craintes, dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Die Zeit, d’une attaque chimique en Ukraine.

« Les affirmations russes selon lesquelles l’Ukraine développe des armes bactériologiques et chimiques ou que les États-Unis veuillent utiliser de telles armes en Ukraine, ce qui est faux dans les deux cas, m’apparaissent comme une menace implicite que Poutine envisage lui-même d’utiliser de telles armes », explique-t-il.  

Enfin, M. Scholz aborde dans cette interview les négociations susceptibles de mettre fin à la guerre.

« Je m’en tiens strictement à un principe : ce sont les Ukrainiens, leur président et sa délégation qui négocient sur l’Ukraine. Personne d’autre. Ce n’est pas à un quelconque chef de gouvernement d’un autre pays de forger des compromis pour les Ukrainiens », souligne-t-il.

Interrogé sur la « manière dont la paix pourrait être obtenue », M. Scholz répond : « J’ai une idée de ce que pourrait être le résultat des négociations. Mais spéculer publiquement sur ce sujet serait irresponsable ».

« La résistance admirable des Ukrainiens a augmenté les chances de parvenir à un accord, mais cela ne le garantit pas pour autant. Et jusqu’à aujourd’hui, personne ne sait si la Russie veut même un accord », enchaîne le chancelier. « Mais il est clair que l’Ukraine ne pourra pas accepter une paix dictée. Et la communauté internationale non plus », conclut le successeur d’Angela Merkel.