(Lioubechiv) Dimanche, l’Ukraine a tiré l’alarme sur une possible incursion des forces biélorusses sur son territoire. Depuis le début de l’invasion, le monde assiste à la valse-hésitation du despote Alexandre Loukachenko, fidèle allié de Vladimir Poutine. Lancera-t-il ses troupes dans la mêlée ? Dans le nord de l’Ukraine, tout près de la frontière, on se prépare à l’ouverture d’un nouveau front.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

À Lioubechiv, le scénario est cauchemardesque. Si les forces armées de la Biélorussie s’allient à celles de Vladimir Poutine pour envahir l’Ukraine, la municipalité de 5700 habitants risque d’être l’une des premières à y goûter. Lioubechiv est situé dans le nord-ouest de l’Ukraine, à 15 kilomètres de la Biélorussie. « Nous ne sommes pas certains de la sécurité de la frontière, admet le maire, Oleh Kyhman. Nous sommes en état d’alerte. »

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Chaque jour, les sirènes d’alerte retentissent à Lioubechiv. La municipalité a aménagé un abri antiaérien dans la cave d’un ancien monastère démoli par les bombes lors de la Seconde Guerre mondiale. « Avant l’arrivée au pouvoir du dictateur Alexandre Loukachenko en Biélorussie, nos relations étaient très cordiales, dit Olesya Zhylko, une employée municipale. Beaucoup de Biélorusses venaient faire leurs courses ici. Mais depuis, tout s’est arrêté. »

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Dans son atelier de couture, Nadia Polikirchyk ne prend plus de commandes depuis le début de l’invasion russe en Ukraine. Désormais, sa petite équipe de couturières (sur la photo, Tania Bigyn et Sitlana Polikirchyk) se consacre entièrement à la fabrication de vestes militaires pour les Ukrainiens appelés au front. « On doit faire quelque chose, dit Nadia. On ne peut pas juste s’asseoir et attendre. »

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En prévision d’un assaut, le DAndreï Guk, directeur de l’hôpital de Lioubechiv, a procédé à un délestage extrême. Il a annulé toutes les opérations et tous les rendez-vous. Il a fait de la place pour d’éventuels blessés de guerre. Et il a transformé le sous-sol en abri antiaérien, prêt à accueillir les patients en cas d’urgence. Le DGuk craint moins les chars biélorusses que les bombardements. « Personne ne sait ce qu’il y a dans la tête de Poutine. »

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Pour l’instant, c’est le calme plat. Mais le Centre ukrainien pour les communications stratégiques et la sécurité de l’information a prévenu il y a une dizaine de jours que les forces biélorusses pourraient se joindre à la Russie et lancer un assaut contre l’Ukraine. « Personne ne sait si c’est vrai ou pas », laisse tomber Igor Demykh, un employé municipal (à gauche). Dans l’incertitude, tout le monde se prépare au pire.

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Des vêtements, des bandages, des médicaments, des produits hygiéniques. Comme les autres villes et villages d’Ukraine, la municipalité de Lioubechiv stocke du matériel en prévision de la guerre. Mais il en faut plus pour prévenir un désastre, craint Olaha Vaschyk, directrice de l’administration militaire de la municipalité. « On demande à la communauté internationale d’imposer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine. »

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Les points de contrôle routiers, appelés « block posts », sont omniprésents sur les routes d’Ukraine. Certains, tenus par des militaires, sont stratégiques. D’autres, comme celui-ci, sont tenus par des volontaires qui cherchent à protéger leurs villages. « Nous sommes prêts à défendre cette région jusqu’au dernier arbre », tranche Victor (en veste à carreaux), responsable de ce point de contrôle établi non loin de Lioubechiv et de la frontière biélorusse.