(Moscou) Aides économiques à foison, défense acharnée de l’offensive en Ukraine et comparaison des mesures occidentales à des pogroms antisémites : Vladimir Poutine a sonné la charge mercredi, jurant de surmonter le défi des sanctions qui pilonnent l’économie russe.

Apparaissant à la télévision à l’occasion d’une réunion gouvernementale presque trois semaines après le début de l’offensive, M. Poutine a défendu sa décision de faire entrer ses soldats chez son voisin et fustigé la sévère riposte économique occidentale.

Assurant que l’opération russe commencée le 24 février « se déroule avec succès et en stricte conformité avec les plans préétablis », il a présenté le conflit comme une nécessité, car « toutes les options diplomatiques » pour l’éviter avaient été « épuisées ».

Il n’a pas évoqué cependant l’absence de progrès militaire sur le terrain, ses forces ne parvenant pas à prendre le contrôle des grands centres urbains 

« Nous n’avions tout simplement plus d’options pour résoudre le problème de manière pacifique », a poursuivi le dirigeant russe, qui a martelé avoir « toutes les raisons de croire » que des « composants d’armes biologiques » étaient en développement sur le territoire ukrainien.

Il reprend ainsi des accusations de l’armée russe la semaine dernière visant l’Ukraine et le Pentagone, que tant Washington que Kyiv ont démenti.

M. Poutine s’est aussi justifié en assurant ne plus pouvoir tolérer les « années d’intimidation de la population du Donbass », l’est russophone de l’Ukraine, où les forces de Kyiv ont été confrontées depuis huit ans à des séparatistes prorusses soutenus par Moscou.

Selon lui, la Russie a attaqué l’Ukraine de manière préventive, car celle-ci « se préparait à un scénario violent » dans le Donbass et en Crimée, péninsule annexée en 2014 par Moscou.

« Nous n’avions pas d’autre option pour nous défendre […] nous ne permettrons pas que l’Ukraine serve de tête de pont pour des actions agressives contre la Russie », a encore dit le président, assis à son bureau, ses interlocuteurs l’écoutant par visioconférence.

Une « agression » occidentale

Puis, Vladimir Poutine a fustigé les sévères mesures de rétorsion prises par les Occidentaux, qui ont placé son pays au bord du défaut de paiement sur sa dette extérieure et provoqué un effondrement du rouble, tandis qu’une myriade d’entreprises étrangères ont suspendu leurs activités.

Il a comparé l’avalanche de sanctions et condamnations occidentales frappant la Russie, son économie, ses sportifs et son monde de la culture aux « pogroms antisémites », dénonçant un comportement « odieux » et « indécent ».

M. Poutine a assuré que l’opération en Ukraine « n’est qu’une excuse pour que l’Occident impose de nouvelles sanctions » contre la Russie, dénonçant une « stratégie consciente et à long terme » visant à « contenir et affaiblir » Moscou.

« De telles démarches […] ont toutes les caractéristiques d’une agression », a-t-il soutenu, accusant les Occidentaux de vouloir faire de la Russie « un pays faible et dépendant », voire de le « démembrer » territorialement.

Depuis l’offensive russe en Ukraine, l’Occident a ciblé tant la Banque centrale, les importations, la fortune des oligarques, que la capacité des banques commerciales à réaliser des transactions.

Pour faire face à ce « blitzkrieg » économique occidental, M. Poutine a promis des aides financières aux particuliers et aux entreprises parmi lesquelles l’augmentation du minimum vital, des salaires des fonctionnaires, des retraites, des lignes de crédit supplémentaires pour les entreprises et des commandes d’État accrues.

Le président s’est efforcé de rassurer en affirmant que Moscou et les entreprises avaient « les ressources nécessaires » pour traverser la tempête, promettant « un travail acharné, un travail en commun et un soutien » qui devra « mobiliser » les Russes.

Il a aussi vertement dénoncé les sanctions ayant visé les réserves de l’État russe, qui ont été selon lui « volées » par les Occidentaux qui en ont gelé quelque 300 milliards de dollars.

Dans la foulée de l’intervention télévisée de M. Poutine, le Kremlin a publié un décret ordonnant aux responsables régionaux « d’assurer la stabilité sociale et économique » de la population.

Ce texte prévoit des paiements en espèces pour certaines catégories de population, le suivi des prix, ainsi qu’un soutien à l’emploi et aux entreprises.