(Genève) L’Organisation mondiale de la santé a affirmé mercredi n’avoir jamais vu autant d’attaques sur le système de santé qu’en ce moment en Ukraine, où les forces russes sont entrées le 24 février.

« Le système de santé est devenu une cible […]. Cela commence à faire partie de la stratégie et des tactiques de la guerre. C’est totalement inacceptable, c’est contraire au droit humanitaire international », a déclaré le chef des urgences de l’OMS, Michael Ryan, lors d’une conférence de presse.

« Nous n’en sommes qu’au tout début […] et nous n’avons jamais vu ailleurs dans le monde autant d’attaques sur le système de santé », a-t-il dit.

Depuis l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février, l’OMS a authentifié 43 attaques contre le système de santé. Il peut s’agir d’attaques contre les installations médicales ou les travailleurs de la santé.

« Le système de santé ukrainien a atteint un niveau critique, il chancelle au bord du gouffre », a alerté M. Ryan, en interrogeant : le système de santé ukrainien a besoin d’être soutenu, mais comment parvenir à déployer des équipes sur place alors même que les infrastructures médicales sont prises pour cible ?

L’OMS se refuse toutefois à dire d’où viennent les attaques.

« La priorité de l’OMS reste de soutenir le personnel de santé et le système de santé afin qu’ils continuent à fournir des soins pour répondre aux besoins immédiats », a déclaré son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, aux journalistes.

Manque de fonds

L’OMS a pu acheminer de l’aide dans de nombreuses villes en Ukraine, mais elle rencontre encore des difficultés d’accès.

Environ 100 tonnes de fournitures, notamment de l’oxygène, de l’insuline, du matériel chirurgical, des anesthésiants et des kits de transfusion sanguine, ont pu être acheminées jusqu’à présent.  

D’autres équipements, notamment des générateurs d’oxygène, des générateurs électriques et des défibrillateurs, ont également été livrés. Et l’OMS se prépare à envoyer 108 tonnes supplémentaires.

« Nous coordonnons le déploiement de 20 équipes médicales d’urgence composées d’experts de nombreux pays, dans l’attente d’une demande d’aide officielle du ministère ukrainien de la Santé. Et nous avons ouvert un bureau en Pologne pour soutenir nos opérations en Ukraine et coordonner la réponse aux besoins des réfugiés en matière de santé », a expliqué M. Tedros.

Mais l’OMS est aussi confrontée à des contraintes financières qui limitent sa capacité à fournir l’aide nécessaire. L’organisation n’a reçu que 8 millions de dollars sur les 57,5 millions demandés dans le cadre son appel de fonds pour l’Ukraine.

« D’énormes sommes d’argent sont dépensées pour l’achat d’armes. Nous demandons aux donateurs d’investir pour que les civils en Ukraine et pour que les réfugiés reçoivent les soins dont ils ont besoin », a demandé le Dr Tedros.

Il a également souligné que même si l’Ukraine est au centre de l’attention, elle est loin d’être la seule crise à laquelle l’OMS réagit, citant l’Afghanistan, le Yémen ou encore le conflit dans la région éthiopienne du Tigré, dont il est lui-même originaire.

Au Tigré, « la situation est catastrophique », a-t-il dit, en déplorant qu’il s’agisse d’une « crise oubliée ».

« Oui, je suis originaire du Tigré, et cette crise me touche personnellement, ainsi que ma famille et mes amis. Mais en tant que directeur général de l’OMS, j’ai le devoir de protéger et de promouvoir la santé partout où elle est menacée, et il n’y a aucun endroit au monde où la santé de millions de personnes soit plus menacée qu’au Tigré », a-t-il conclu.