(Paris) Les forces russes poursuivaient mardi leurs bombardements au treizième jour de leur invasion de l’Ukraine, sans percée significative, mais avec une aggravation des pertes civiles et un début d’évacuation des habitants de certaines villes sous le feu.

Les lignes de front ont peu évolué au cours des dernières 24 heures, la capitale Kyiv restant sous contrôle ukrainien, tout comme Kharkiv (nord-est).

La Russie a annoncé lundi soir des cessez-le-feu locaux dans plusieurs villes à partir de 7 h GMT (2 h HNE) mardi pour permettre l’évacuation de civils via des couloirs humanitaires, à l’issue d’une troisième session de négociations avec l’Ukraine.

Voici un point de la situation établi à partir d’éléments des journalistes de l’AFP sur place et de services d’urgence, ainsi que de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales. Moscou pour sa part communique très peu sur son offensive.

Le Pentagone a affirmé lundi soir que les forces russes compensaient l’absence de progression notable ces derniers jours, à l’exception du sud, par une multiplication des bombardements et tirs de missiles sur les villes, provoquant « un impact de plus en plus important sur le bilan humain pour les civils ».

L’Est

Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine (1,4 million d’habitants), à 50 km de la frontière russe, tenait toujours mardi malgré un encerclement et d’intenses bombardements russes, selon des observateurs occidentaux.

À Soumy, à 350 km au nord-est de Kyiv, soumise depuis plusieurs jours à un pilonnage russe, au moins 21 personnes ont été tuées lundi soir dans des frappes aériennes, dont deux enfants, selon les autorités ukrainiennes. Une partie des habitants a pu commencer à quitter la ville grâce à un couloir humanitaire, selon les autorités régionales.

La ville d’Izioum (est) a également été le théâtre de violents combats, les forces russes ayant « bombardé des infrastructures civiles » avant de se replier, selon l’armée ukrainienne.

Moscou mène aussi une offensive à partir des territoires séparatistes prorusses de Donetsk et de Lougansk (est),  mais l’ampleur de leur avancée restait inconnue.

Kyiv et le Nord

Kyiv demeure sous contrôle ukrainien, malgré d’importants bombardements. Des observateurs occidentaux ont relevé la présence d’une colonne de centaines de véhicules russes au nord de la capitale, près de l’aéroport de Gostomel, autour duquel de violents affrontements ont été signalés.

La ligne de front se trouve désormais à 20 km de Kyiv, selon des sources françaises.

L’Ukraine garde également le contrôle de Tcherniguiv, au nord de Kyiv, dont le centre-ville a été pilonné ces derniers jours, provoquant la mort de nombreux civils.

Le Sud

Les troupes russes assiègent la ville portuaire de Marioupol, qui résiste encore. Des tentatives d’évacuation de quelque 300 000 civils ont échoué à plusieurs reprises, les deux camps s’en rejetant mutuellement la responsabilité.

Le gouvernement ukrainien a de nouveau accusé mardi la Russie d’avoir délibérément empêché par une nouvelle attaque « les enfants, les femmes et les personnes âgées de quitter la ville ».

La prise de cette cité d’importance stratégique permettrait la jonction entre les forces russes en provenance de la Crimée annexée, qui menacent désormais Mykolaïv, plus à l’ouest, et les troupes séparatistes et russes dans le Donbass (est).

Odessa, où se trouve le principal port d’Ukraine sur la mer Noire, n’a pour l’instant pas été touchée.

Mais Washington considère que « les Russes veulent prendre Odessa », sans disposer « à ce stade d’aucune indication d’un possible mouvement » sur ce front, a indiqué lundi soir un haut responsable militaire américain.

L’Ouest

L’ouest de l’Ukraine est pour l’instant largement épargné par les combats. Sa plus grande cité, Lviv, est devenue une plaque tournante pour les missions diplomatiques, les journalistes et les Ukrainiens cherchant à se mettre en sécurité ou à fuir dans un pays voisin.

M. Zelensky a affirmé dimanche que des frappes russes avaient détruit l’aéroport de la ville de Vinnytsia, à quelque 200 kilomètres au sud-ouest de Kyiv, bien au-delà de l’avant-garde des forces d’invasion.

Victimes

La Russie a annoncé le 2 mars son seul et unique bilan à ce jour, de 498 de ses militaires tués en Ukraine.

L’Ukraine et des observateurs occidentaux assurent de leur côté que le bilan est très nettement supérieur. Kyiv affirme que plus de 11 000 militaires russes, y compris des officiers supérieurs, ont péri.

L’ONU a déclaré lundi avoir comptabilisé 406 civils tués en Ukraine, dont une vingtaine d’enfants, un bilan potentiellement largement sous-évalué.

Réfugiés

Plus de 2 millions de personnes ont déjà fui l’Ukraine depuis le début de l’invasion le 24 février, dont plus de la moitié ont été accueillies en Pologne, selon le dernier comptage du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Ce nombre pourrait doubler dans les prochaines semaines, selon l’ONU.