(Paris) Le « en même temps » porté à son paroxysme : Emmanuel Macron a alterné lundi entre la campagne présidentielle, avec un premier déplacement de candidat sur le terrain, et une intense activité diplomatique à propos de la guerre en Ukraine.

« Je serai président autant que je le dois et je serai candidat autant que je le peux », a-t-il indiqué en début de soirée à Poissy (Yvelines), lors d’une « conversation » avec 200 habitants, dans un contexte « qui est très lourd » avec le « retour de la guerre en Europe ».

Moi qui ai beaucoup défendu le “en même temps”, celui-là est compliqué […] c’est difficile d’être en même temps président et candidat.

Emmanuel Macron

Cette expression souvent employée par le président sortant résume cette campagne présidentielle percutée comme jamais depuis plus d’un demi-siècle par une crise internationale, obligeant les 12 candidats à passer de propositions très concrètes à la complexité de la géopolitique.

Emmanuel Macron s’est ainsi entretenu dans l’après-midi avec le président américain Joe Biden, après son homologue russe Vladimir Poutine la veille, et avant le Chinois Xi Jinping mardi. Les multiples rendez-vous diplomatiques culmineront jeudi et vendredi à Versailles pour un sommet européen.

« Envie de faire »

Le soir, il a décliné, lors d’une réunion aux airs de grand débat, ses premières propositions de candidat, alors qu’il est donné largement en tête des intentions de vote du premier tour, dépassant même la barre des 30 % dans certains sondages.

Il s’est ainsi engagé, s’il est réélu, à supprimer la redevance télé et à tripler le plafond de la « prime Macron » qui permet jusqu’ici aux entreprises de verser jusqu’à 1000 euros sans charge ni impôt.

Avant lui, les candidats de droite Valérie Pécresse (LR) et d’extrême droite Marine Le Pen et Éric Zemmour avaient également annoncé leur intention de supprimer cette redevance.

« Au rythme où Emmanuel Macron copie mon programme, il va peut-être bientôt proposer la fin de l’immigration ! » s’est étranglé l’ancien polémiste dans un tweet.

Reprenant sa casquette de président –« car je ne peux pas attendre, il faut donner une visibilité pour les jours qui viennent » – Emmanuel Macron a annoncé que les aides gouvernementales sur l’essence seraient « améliorées » autour de « l’approche indemnité kilométrique et indemnité inflation », alors que les prix de l’énergie flambent à cause de la guerre.

« C’est plus pertinent que les mesures de baisse de la fiscalité pérenne parce que la fiscalité sur le carburant, ça sert à financer notre transition énergétique », a-t-il poursuivi.

Comme en réponse à Marine Le Pen, sa rivale la plus sérieuse selon les sondages, qui est en faveur d’une « baisse permanente de la TVA de 20 à 5,5 % ».

« Pas de débat »

Après cette réunion et avant de « filer » pour donner « un coup de fil urgent sur le contexte international », le président candidat a indiqué à un journaliste de LCI qu’il « ne ferait pas de débat avec les autres candidats avant le premier tour. Aucun président en fonction qui se représentait ne l’a fait ».  

« Je ne me dérobe pas du débat. Plutôt que de faire des rassemblements où des gens vous applaudissent parce qu’ils sont déjà convaincus, je préfère le débat avec les Français, c’est ce que je leur dois », a-t-il expliqué.

La possibilité d’un rassemblement samedi prochain à Marseille n’est plus à l’ordre du jour.

Pendant ce temps, plusieurs de ses rivaux étaient aux prises avec leurs positions prorusses par le passé.

Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, en rassemblement dimanche à Lyon, a par exemple dit « stop à la guerre, stop à l’invasion de l’Ukraine ».  

Ce qui lui a valu les foudres lundi du candidat écologiste Yannick Jadot qui s’en est pris aux « complaisances » de M. Mélenchon et à sa « capitulation » vis-à-vis de Vladimir Poutine, l’accusant de « discours grandiloquents » visant à masquer ses positions.

La socialiste Anne Hidalgo et M. Jadot, qui a aussi appelé Emmanuel Macron à « imposer à Total le retrait de la Russie », critiquent notamment l’opposition de M. Mélenchon à la livraison d’armes aux Ukrainiens. Le candidat des Insoumis est en tête des intentions de vote à gauche.

Éric Zemmour, qui a reçu le soutien dimanche de Marion Maréchal, la nièce de Marine Le Pen, est lui aussi pris à partie pour son tropisme prorusse.

Dans cette course à l’Élysée, il y aura finalement 12 candidats, un de plus qu’en 2017, le Conseil constitutionnel ayant validé les parrainages du candidat d’extrême gauche Philippe Poutou.

La candidate de droite Valérie Pécresse a décroché la médaille d’or des parrainages (2636 signatures). Elle dépasse le président-candidat (2098), Anne Hidalgo (1440) qui bien qu’à la peine dans les sondages décroche la troisième position.

Elle passe devant le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon (906), Éric Zemmour (741) et l’écologiste Yves Jadot (712), Jean Lassalle (642), le communiste Fabien Roussel (626) et Marine Le Pen (622).