(La Haye) La Russie a refusé de comparaître lundi lors de l’ouverture des audiences devant la Cour internationale de justice (CIJ) dans une procédure initiée par l’Ukraine, qui demande au plus haut tribunal de l’ONU d’ordonner à Moscou d’arrêter son invasion.

L’absence de la Russie a été critiquée par la juge présidente de la cour, qui siège à La Haye, aux Pays-Bas, et par la délégation ukrainienne, qui s’est retrouvée devant des bancs vides au moment de plaider sa cause.

La CIJ « déplore la non-comparution de la Fédération de Russie lors de cette procédure orale », a déclaré Joan Donoghue, juge présidente, indiquant avoir été notifiée par Alexandre Choulguine, l’ambassadeur russe aux Pays-Bas, où siège la cour, que Moscou « n’entendait pas participer ».

« Le fait que les sièges que la Russie devait occuper sont vides en dit long », a lancé Anton Korynevich, membre de la délégation ukrainienne.

« Ils ne sont pas ici devant cette cour, ils sont sur les champs de bataille, menant une guerre agressive contre mon pays », a ajouté M. Korynevich. « C’est ainsi que la Russie règle ses différends ».

Kyiv a déposé le 26 février une requête devant la CIJ, quelques jours après le début de l’offensive russe. L’Ukraine demande au plus haut tribunal de l’ONU des mesures urgentes ordonnant à la Russie d’arrêter son invasion, avant de se prononcer sur le fond de l’affaire, ce qui pourrait prendre des années.

La juge a indiqué que la CIJ se prononcerait « dès que possible » sur la requête de l’Ukraine.

La CIJ, qui avait prévu des audiences mardi pour entendre les arguments de la Russie, a une « responsabilité d’agir », a déclaré Anton Korynevich.

« La Russie doit être arrêtée, et la cour a un rôle à jouer pour arrêter cela », a-t-il déclaré, pendant que dehors, devant le siège de la CIJ, quelques dizaines de ressortissants ukrainiens s’étaient rassemblés, scandant « Stop Poutine stop la guerre » et « stop génocide ».

« Posez vos armes »

Lors de son allocution annonçant l’intervention armée en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a affirmé vouloir défendre les populations russophones d’un génocide de la part du régime de Kyiv.

Un mensonge absurde et grotesque, selon l’Ukraine, qui nie catégoriquement qu’un tel génocide ait eu lieu et estime que l’invasion russe est dépourvue de tout fondement juridique.

« Poutine ment et des Ukrainiens, nos compatriotes, meurent », a déclaré Anton Korynevich.

« Le mensonge de la Russie est d’autant plus offensant et ironique qu’il semble que ce soit la Russie qui planifie des actes de génocide en Ukraine », a déclaré Kyiv dans sa requête.

La CIJ a été créée en 1946 pour régler les disputes entre les États. Ses jugements sont contraignants et sans appel, mais la cour n’a aucun moyen de les faire respecter.

Le principal organe judiciaire de l’ONU fonde ses conclusions principalement sur les traités et les conventions. L’Ukraine et la Russie sont toutes deux parties à la Convention des Nations Unies sur le génocide de 1948.

« Réglons notre différend en nations civilisées », a plaidé M. Korynevich, avant de s’adresser directement à Moscou : « Posez vos armes et présentez vos preuves ».

Également située à La Haye, la Cour pénale internationale (CPI), qui juge des individus accusés des pires atrocités commises dans le monde, s’est également saisie de l’affaire autour de l’invasion russe. Elle enquête sur des accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

L’Ukraine a demandé lundi à la CIJ d’agir pour protéger la population ukrainienne, et d’être « l’étincelle essentielle » pour le reste des institutions internationales.

« Notre sort est entre vos mains », a conclu Oksana Zolotaryova, membre de la délégation ukrainienne.