(Bruxelles) Les Alliés de l’OTAN ont rejeté vendredi la demande de Kyiv de créer une zone d’exclusion aérienne en Ukraine et envisagent de nouvelles sanctions contre la Russie pour la contraindre à arrêter la guerre. Le président ukrainien s’est désolé de cette décision, qui donne « le feu vert à la poursuite des bombardements » dénonçant une forme d’« autohypnose » des membres de l’Alliance.

« Aujourd’hui, la direction de l’Alliance a donné le feu vert à la poursuite des bombardements sur des villes et villages ukrainiens, en refusant d’instaurer une zone d’exclusion aérienne », a-t-il affirmé dans une vidéo publiée par la présidence ukrainienne.

« Nous pensons que les pays de l’OTAN ont créé eux-mêmes un narratif affirmant qu’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine provoquerait une agression directe de la Russie contre l’OTAN », a-t-il poursuivi.

« C’est un processus d’autohypnose pour ceux qui sont faibles, en insécurité intérieure, alors qu’ils ont des armes bien plus puissantes que les nôtres », a ajouté le président ukrainien.

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Le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg et le secrétaire d'État des États-Unis Antony Blinken

Les membres de l’OTAN ont rejeté vendredi la demande de Kyiv de créer une zone d’exclusion aérienne en Ukraine, pour éviter de se retrouver engagés dans le conflit.

« La question a été évoquée et les Alliés sont convenus que nous ne devrions pas avoir d’avions de l’OTAN opérant dans l’espace aérien ukrainien ou des troupes de l’OTAN au sol, car nous pourrions nous retrouver avec une guerre totale en Europe », a expliqué le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg.

Mais M. Zelensky a jugé cette réunion de l’OTAN « faible » et « confuse ».

« À quoi avez-vous pensé pendant cette rencontre ? Tous ces gens qui vont mourir à partir d’aujourd’hui vont aussi mourir à cause de vous. À cause de votre faiblesse, à cause de votre déconnexion. »

L’UE se tient prête à adopter de nouvelles sanctions

L’UE se tient prête à adopter de « nouvelles sanctions sévères si Poutine n’arrête pas la guerre qu’il a déclenchée », a assuré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell n’a pas exclu des décisions sur les achats de gaz et de pétrole de l’UE qui permettent à Moscou de financer son effort de guerre.

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La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen

« Tout est sur la table », a-t-il lancé. Les achats européens d’énergie à la Russie sont évalués à près de 700 millions d’euros par jour.

Les Alliés ont en revanche rejeté la demande de Kyiv d’instaurer une zone d’exclusion aérienne en Ukraine pour éviter de se retrouver engagés dans le conflit.

« La question a été évoquée et les Alliés sont convenus que nous ne devrions pas avoir d’avions de l’OTAN opérant dans l’espace aérien ukrainien ou des troupes de l’OTAN au sol, car nous pourrions nous retrouver avec une guerre totale en Europe », a expliqué le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg.

Au neuvième jour de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a demandé aux alliés d’agir « maintenant, avant qu’il ne soit trop tard ».

« La seule façon de mettre en œuvre une zone d’exclusion aérienne est d’envoyer des avions de chasse de l’OTAN dans l’espace aérien de l’Ukraine, puis d’abattre des avions russes pour la faire respecter », a expliqué M. Stoltenberg.

« Nous avons la responsabilité d’empêcher l’escalade de cette guerre au-delà de l’Ukraine. Parce que cela serait encore plus dangereux, plus dévastateur, et causerait encore plus de souffrances humaines », a-t-il déclaré.

« Les jours à venir seront pires, avec plus de morts, plus de destructions, parce que la Russie va utiliser des armes plus lourdes », a-t-il averti.

« La Russie utilise des bombes à fragmentation et nous avons des informations sur l’utilisation d’autres types d’armements en violation du droit international », a-t-il accusé, précisant que « des informations sont rassemblées dans le cadre de l’enquête ouverte par la Cour pénale internationale ».

L’OTAN a renforcé ses défenses à l’Est avec le déploiement pour la première fois de sa force de réaction rapide, l’envoi de milliers de soldats de l’Alliance dans les pays du flanc oriental, la mise en alerte de plus 130 avions de combat et plus de 200 navires en mer.

« Il s’agit de la réponse immédiate de l’OTAN et elle sera renforcée si nécessaire », a assuré le secrétaire général de l’Alliance, ajoutant qu’une réunion des ministres de la Défense de l’OTAN a été convoquée le 16 mars pour « prendre les décisions qui s’imposeront ».

Une discussion va également s’engager sur la posture de dissuasion et de défense sur le plus long terme, a-t-il indiqué, un sujet à l’ordre du jour du sommet de l’OTAN les 29 et 30 juin à Madrid.

L’OTAN condamne les attaques « irresponsables », d’autres sanctions envisagées

L’OTAN a condamné vendredi les bombardements « irresponsables » des forces russes contre une centrale nucléaire dans le sud de l’Ukraine et les Alliés envisagent de nouvelles sanctions contre Moscou pour mettre fin à la guerre.

Mais ils refusent d’être impliqués directement dans la guerre. « L’OTAN ne veut pas être engagée dans le conflit », a réaffirmé son secrétaire général Jens Stoltenberg au début d’une réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères de l’Alliance convoquée au 9e jour de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe.

« Nous ne cherchons pas le conflit. Nous sommes une alliance défensive et nous défendrons notre territoire », a confirmé le secrétaire d’État américain Antony Blinken.

« L’attaque contre une centrale nucléaire démontre le caractère irresponsable de cette guerre et la nécessité d’y mettre fin », a insisté Jens Stoltenberg.

Des tirs de chars russes contre la centrale de Zaporojie dans la nuit de jeudi à vendredi ont mis le feu à un bâtiment consacré aux formations et à un laboratoire, mais aucune fuite radioactive n’a été constatée, ont indiqué les autorités ukrainiennes.

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Des affiches géantes de Vladimir Poutine dans une rue de Simferopol, en Crimée, disant « La Russie ne commence pas des guerres, elle les termine » et « Nous viserons la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine ».

L’armée russe a pris le contrôle de la centrale, mais « le personnel contrôle les blocs énergétiques et assure leur exploitation en accord avec les exigences des règlements techniques de sécurité d’exploitation », a indiqué le régulateur nucléaire ukrainien.

« La montée de l’escalade prend la forme d’une remise en cause de l’intégrité de la centrale nucléaire de Zaporijjia », a dénoncé le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian qui a appelé à « poursuivre l’isolement » de la Russie.

L’Union européenne va discuter vendredi de la possibilité d’imposer de nouvelles sanctions contre Moscou qui concerneraient ses achats de gaz et de pétrole et permettent de financer l’effort de guerre de la Russie, a annoncé le chef de la diplomatie européenne.

« Cette guerre est totalement injustifiée […] nous devons rester unis et prêts à agir », a affirmé Josep Borrell à son arrivée pour la réunion à l’OTAN à laquelle il a été invité.

« Vous avez pu constater que tout reste sur la table, car certaines mesures auxquelles personne ne s’attendait ont été prises », a-t-il déclaré en réponse à une question sur les importations européennes de gaz et pétrole russes.  

Les achats européens d’énergie à la Russie sont évalués à près de 700 millions d’euros par jour depuis le début de la crise, selon les données du Bruegel Institute.

Mais le pétrole russe peine à trouver des acheteurs à cause de la crainte de sanctions.

« Nous allons prendre de nouvelles mesures contre le pouvoir de Poutine », a averti la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock sans plus de précisions.

Josep Borrell présidera en début d’après-midi une réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères de l’UE à laquelle participeront leurs homologues américain, canadien et britannique, ainsi que Jens Stoltenberg.

Depuis le déclenchement de l’offensive, l’UE a adopté plusieurs trains de sanctions visant notamment les secteurs économiques et financiers, la fermeture de son espace aérien aux appareils russes et des sanctions individuelles, notamment contre le président Vladimir Poutine, son entourage et des oligarques.