(Genève) Chine, Venezuela et Cuba ont fait vendredi un pas de côté remarqué vis-à-vis de Moscou lors d’un vote historique à l’ONU, qui a abouti au lancement d’une enquête internationale sur les violations en Ukraine suite à l’invasion russe.

C’est la première fois dans l’histoire du Conseil des droits de l’homme de l’ONU (CDH) qu’une résolution vise directement la Russie.

Sur les 47 États membres du CDH, seules l’Érythrée et la Russie ont voté contre la résolution proposée par Kyiv. Le Venezuela et Cuba, habituels alliés de Moscou, ainsi que Pékin se sont abstenus, alors qu’ils avaient voté contre la tenue de ce débat urgent sur l’invasion.

« Le message adressé à Poutine a été clair : vous êtes isolé sur le plan international et le monde entier est contre vous », a déclaré l’ambassadrice ukrainienne Yevheniia Filipenko aux journalistes.

PHOTO FABRICE COFFRINI, AGENCE FRANCE-PRESSE

Ambassadeurs et diplomates entourent l’ambassadrice de l’Ukraine à l’ONU Yevheniia Filipenko.

« Les membres de la communauté internationale sont aux côtés de l’Ukraine, et il est clair que la Russie est seule », a répondu en écho l’ambassadrice américaine auprès de l’ONU Sheba Crocker.

Plus tôt dans la semaine, l’Assemblée générale des Nations Unies avait adopté par une écrasante majorité une résolution exigeant que la Russie « cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine », un vote salué comme « historique ».

La résolution au CDH a bénéficié du soutien des Occidentaux et de nombreuses autres capitales de par le monde qui ont dénoncé le non-respect de la souveraineté territoriale de l’Ukraine par Moscou et la violence exercée contre le peuple ukrainien, ainsi que la menace pour la paix mondiale.

« Nous avons assisté à une démonstration sans précédent de l’unité de la communauté internationale », a souligné l’ambassadeur britannique auprès de l’ONU Simon Manley.

« Nous ne sommes pas isolés »

Un front antirusse que l’ambassadeur russe à l’ONU Guennadi Gatilov a tenté de minimiser : « Je ne pense pas que le vote reflète toutes les nuances des positions brésilienne et des autres pays qui ont voté pour ou se sont abstenus », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse organisée par l’Association des Correspondants Accrédités Auprès des Nations Unies à Genève (ACANU).

« Je ne dirais pas que nous sommes isolés », a-t-il dit, dénonçant les pressions exercées par Washington et ses alliés pour que les autres capitales se rallient à leur position.

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères de l’Érythrée a lui estimé que l’Ukraine était avant tout la « victime » et le « bouc émissaire » des pays qui cherchaient « à resserrer l’étau sur la Russie ».

« Il n’y a qu’un seul agresseur dans cette guerre, et c’est la Russie […]. La Russie doit être tenue responsable de ces actions », a soutenu l’ambassadeur français auprès de l’ONU Jérôme Bonnafont, au nom de l’UE.

« L’ensemble de l’humanité a été repoussée dans des retranchements que nous n’avions pas connus depuis très longtemps », a commenté l’ambassadeur de la Gambie, Muhammadou Kah, dont le pays a voté en faveur de la résolution.

La résolution adoptée appelle « au retrait rapide et vérifiable des troupes russes et des groupes armés soutenus par la Russie de l’ensemble du territoire internationalement reconnu de l’Ukraine », et demande l’établissement d’urgence pour une durée initiale d’un an « une commission d’enquête internationale indépendante », le niveau le plus élevé d’enquête du Conseil.

Les enquêteurs seront chargés de « recueillir, rassembler et analyser les éléments de preuve attestant de […] violations » des droits humains et du droit international humanitaire résultant de l’invasion russe en Ukraine, en vue de futurs procès, et d’identifier les responsables de ces violations « afin qu’ils aient à répondre de leurs actes ».