(Medyka, Pologne) Depuis qu’il est arrivé au poste-frontière de Medyka, entre la Pologne et l’Ukraine, il a multiplié les entrevues. Vêtu d’un uniforme qui ressemble à s’y méprendre à celui d’un soldat canadien, Anthony Walker affirme qu’il s’apprête à aller se battre et porter secours aux blessés à Kyiv.

Lundi soir, Anthony Walker se tient là où les gardes-frontière polonais sont postés. Des gens à pied et en voiture s’arrêtent pour lui poser des questions, en ukrainien ou en polonais, mais se rendent rapidement compte que l’homme en uniforme de camouflage orné d’écussons de drapeau canadien n’est pas en mesure de leur venir en aide.

« Je m’en vais à Kyiv pour me battre. J’attends que des anciens combattants arrivent, et si nous sommes assez nombreux, nous irons », explique-t-il en entrevue. Il n’a donc, pour le moment, fixé aucune date pour son possible départ.

Anthony Walker porte sur sa poitrine l’inscription « Medic », après avoir spécifié qu’il n’est pas membre des Forces armées canadiennes (FAC). « On m’a refusé l’accès, car je suis hémophile », soutient-il.

Au milieu du flot de réfugiés emmitouflés qui foulent le sol polonais, il précise qu’il veut secourir les victimes des hostilités lancées par Vladimir Poutine, grâce à sa formation de premier répondant. Mais « plus on approchera de Kyiv, plus le rôle de combat prendra de l’ampleur », projette-t-il.

« Le contexte va changer : la moitié du temps, on va tirer, et l’autre moitié du temps, on va soigner », analyse M. Walker, en s’agrippant aux bretelles de la veste kaki recouvrant sa poitrine.

L’homme de Toronto, qui se présente comme un comédien, a passé la journée de lundi à enfiler les entrevues. Le lendemain, lors d’un deuxième passage de La Presse, il était dans les mêmes parages, toujours aussi occupé à parler au micro des journalistes, tant ceux qui sont sur place que les autres.

« Je sais que ça intéresse [les médias], j’ai donné 10 entrevues », se félicite-t-il, lundi. Parmi les organisations à qui Anthony Walker a raconté son histoire figurent la BBC et The Independent, au Royaume-Uni, ainsi que le site web d’actualités The Daily Beast. Il était toujours sur place, mercredi, à en croire ses publications sur Twitter.

Un choix vestimentaire discutable

À la caméra, le Canadien est vêtu d’un uniforme de type militaire qui pourrait amener certaines personnes à croire qu’il est un membre en bonne et due forme des Forces armées canadiennes.

Or, cela est interdit par le Code criminel canadien, a noté dans un courriel Daniel Le Bouthillier, porte-parole au ministère de la Défense nationale, après avoir vu des photos d’Anthony Walker.

L’article 419 précise que quiconque « porte un uniforme des Forces canadiennes ou d’autres forces navales, forces de l’armée ou forces aériennes ou un uniforme qui ressemble à celui de l’une de ces forces au point d’être pris vraisemblablement pour ce dernier » commet une infraction.

Canadiens au combat en Ukraine

Aux Canadiens qui sont en Ukraine ou qui désirent s’y rendre pour combattre l’armée russe, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, rappelle que le gouvernement a exhorté tous ses citoyens à sortir du pays il y a de cela plusieurs jours.

C’est encore plus vrai depuis que la guerre a été déclarée, note-t-elle en entrevue lors de son passage à Rzeszow, en Pologne.

« Maintenant, si des gens veulent aller se battre aux côtés des forces ukrainiennes, c’est une décision qui est individuelle », a-t-elle affirmé, saluant au passage « la résilience et la détermination extraordinaire des forces ukrainiennes ».

Anthony Walker ne sait pas pour combien de temps il sera en Ukraine.

« C’est évident que je n’avais pas envisagé de passer la semaine ici, de cette façon. […] Je suis aux études en ce moment ; je peux manquer deux ou trois semaines et obtenir la note de passage quand même. Si je ne reviens pas d’ici là, mes professeurs vont comprendre », explique-t-il.