(Bruxelles) Le président du Conseil européen Charles Michel a accusé mardi la Russie de « terrorisme géopolitique » pour son invasion de l’Ukraine, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avertissant que « le destin » de l’UE était « en jeu ».

Outre les sanctions contre Moscou et les livraisons d’armes aux forces ukrainiennes, Mme von der Leyen a promis d’engager au moins 500 millions d’euros du budget européen pour l’assistance humanitaire en Ukraine et les réfugiés.

PHOTO JOHN THYS, AGENCE FRANCE-PRESSE

European Commission President Ursula von der Leyen delivers a speech during a special plenary session of the European Parliament focused on the Russian invasion of Ukraine at the EU headquarters in Brussels, on March 01, 2022. - The European Commission has opened the door for Ukraine to join the EU, but this is not for tomorrow, despite Kiev's request for a special procedure to integrate the country "without delay". (Photo by JOHN THYS / AFP)

« Ce n’est pas seulement l’Ukraine qui est attaquée. Le droit international, l’ordre international basé sur des règles, la démocratie, la dignité humaine sont aussi attaqués. C’est du terrorisme géopolitique pur et simple », a déclaré Charles Michel,  qui représente les 27 États membres de l’UE,  dans un discours au Parlement européen.

Moscou « a déclenché cette guerre basée sur des mensonges abjects, pour une seule et unique raison, parce que vous, peuple d’Ukraine, sur la place Maïdan (lors des manifestations pro-occidentales en 2014), vous avez fait le choix de la liberté et de la démocratie », a-t-il ajouté.

« La façon dont nous répondons aujourd’hui à ce que fait la Russie déterminera l’avenir du système international », a prévenu la cheffe de l’exécutif européen Ursula von der Leyen, devant les eurodéputés réunis à Bruxelles en session extraordinaire.

« Le destin de l’Ukraine est en jeu, mais notre propre destin est également dans la balance. Nous devons montrer la puissance qui réside dans nos démocraties », a-t-elle déclaré.

« Prouvez que vous êtes avec nous ! »

Dans une allocution en visioconférence aux eurodéputés, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui réclame l’intégration « sans délai » de son pays à l’UE, a demandé mardi aux Européens de « prouver qu’ils sont avec l’Ukraine ».

« Nous nous battons pour nos droits, pour nos libertés, pour nos vies, pour notre survie […] prouvez-nous que vous êtes avec nous, prouvez-nous que vous ne nous abandonnez pas, et que vous êtes vraiment des Européens ! », a-t-il lancé, ovationné à plusieurs reprises dans l’hémicycle.

« Nous prendrons nos responsabilités », lui a répondu Charles Michel.

Outre les sanctions sans précédent adoptées par les Occidentaux contre la Russie, l’UE va puiser 450 millions d’euros dans la « Facilité européenne pour la paix » (FEP), un fonds hors budget européen spécialement destiné à financer des achats militaires, afin de livrer des armements aux forces ukrainiennes.

L’aide humanitaire d’« au moins 500 millions d’euros », annoncée mardi, « doit permettre de faire face aux conséquences humanitaires de cette guerre tragique », tant pour les populations civiles touchées et déplacées au sein de l’Ukraine que pour les réfugiés qui affluent dans les pays européens voisins.

Selon l’ONU, l’intervention militaire russe a fait un million de déplacés en Ukraine et plus de 660 000 personnes ont fui dans les pays voisins.

Les eurodéputés ont adopté dans l’après-midi à une écrasante majorité (637 voix pour, 13 contre, 26 abstentions) une résolution condamnant « dans les termes les plus durs l’agression militaire illégale et l’invasion de l’Ukraine ».

Le texte, non contraignant, appelle les institutions européennes à « travailler pour l’octroi à l’Ukraine du statut de candidat à l’UE » et réclame un élargissement des sanctions contre Moscou. Le Parlement demande en particulier une restriction des importations de pétrole et de gaz, ainsi que l’exclusion de toutes les banques russes du système financier européen.