(Bruxelles) La Commission européenne a ouvert la porte à une adhésion de l’Ukraine à l’UE, mais celle-ci n’est pas pour demain, malgré la demande par Kiev d’une procédure spéciale pour intégrer le pays « sans délai ».

« Nous avons de nombreux sujets sur lesquels nous travaillons en étroite collaboration et, au fil du temps, ils sont des nôtres et nous voulons qu’ils soient à l’intérieur » de l’UE, a déclaré dimanche la présidente de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen, dans une interview à Euronews.

En réponse, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté lundi l’Union européenne à intégrer son pays « sans délai ». « Nous nous adressons à l’UE en ce qui concerne une intégration sans délai de l’Ukraine via une nouvelle procédure spéciale », a-t-il déclaré dans une vidéo. « Je suis sûr que c’est juste. Je suis sûr que c’est possible », a-t-il affirmé.

Cette procédure n’existe pas en tant que telle et l’intégration à l’UE est un processus au long cours pour rapprocher la législation du pays candidat du droit européen. Il nécessite des négociations complexes sur de nombreux sujets et des critères difficiles à respecter pour un pays en guerre comme la stabilité politique et une économie de marché viable.  

Il exige en outre l’aval unanime des 27 pays membres.

« L’adhésion est une demande exprimée de longue date par l’Ukraine. Mais il y a différentes opinions et sensibilités au sein de l’UE sur l’élargissement. L’Ukraine va transmettre une demande officielle, la Commission européenne devra exprimer un avis officiel et le Conseil se prononcera », a expliqué lundi le président du Conseil européen Charles Michel.

« Un message symbolique »

Charles Michel a indiqué avoir été informé de l’intention de l’Ukraine d’envoyer une demande officielle d’adhésion.  

Il a annoncé son intention d’inviter le président Volodymyr Zelensky à participer « de façon régulière » aux sommets des dirigeants européens et a insisté sur la nécessité de renforcer l’accord d’association conclu entre l’Ukraine et l’UE en 2014, concrétisant l’éloignement de l’ancienne république soviétique de la sphère d’influence russe.

Un porte-parole de la Commission a précisé que Mme von der Leyen avait exprimé un point de vue en tant que présidente de la Commission, tout en soulignant qu’il fallait respecter la procédure pour y arriver. « Ce n’est pas elle seule qui décide », a-t-il rappelé.  

« Elle a clairement fait référence au fait que l’Ukraine a une perspective européenne », jugeant que cet État « est l’un des nôtres dans le sens où c’est un pays européen », a-t-il nuancé.

L’appel de M. Zelensky à une adhésion « sans délai » de son pays a cependant reçu le soutien de plusieurs États membres d’Europe centrale. « Je suis un défenseur des procédures standard, mais nous ne sommes pas actuellement dans une situation standard. Nous devons dire clairement que l’Ukraine est bienvenue dans la communauté européenne des pays démocratiques », a déclaré le premier ministre tchèque Petr Fiala, cité par l’agence CTK.  

La Slovénie, la Slovaquie, la Pologne et la Lituanie, ont également défendu l’idée d’une adhésion de l’Ukraine à l’UE.  

Pour Éric Maurice, expert des questions européennes à la Fondation Robert Schuman, la porte ouverte par Ursula von der Leyen est avant tout « un message politique et symbolique fort ».

« L’adhésion en elle-même n’est évidemment pas une procédure à court terme. Le message principal est de dire que l’Ukraine est en train de s’ancrer dans la famille européenne occidentale et qu’un jour, quand les conditions seront là, l’adhésion pourra être envisageable ».