(Gostomel) En quelques heures, l’aéroport militaire d’Antonov à Gostomel, aux portes de la capitale ukrainienne, était à eux. Les forces russes sont arrivées les portes des hélicoptères grandes ouvertes, tirant en rafales à la mitraillette avant de descendre en rappel, ont raconté des témoins à l’AFP.  

« Il y avait des gens assis dans les hélicoptères, les portes ouvertes, qui survolaient nos maisons », raconte aux abords de l’aéroport Serguiy Storojouk, sacs de voyage à la main, fuyant la zone l’air hagard.

« Les hélicoptères sont arrivés et ensuite les combats ont commencé. Ils utilisaient des mitrailleuses, des lance-grenades », ajoute-t-il.  

L’essaim d’hélicoptères russes est arrivé en fin de matinée depuis la Biélorussie, frôlant les toits des maisonnettes et semant la terreur sur sa route vers la capitale Kiev, a constaté une journaliste de l’AFP.

L’aéroport de Gostomel se trouve immédiatement à la limite nord de Kiev, et les combats qui s’y déroulent sont les plus proches de la capitale au premier jour de l’invasion russe.

Selon Olexandre Kovtonenko, un civil de 30 ans vivant à proximité, ils étaient appuyés par deux avions de chasse qui ont tiré des missiles sur des unités terrestres ukrainiennes au début de l’assaut.  

« Puis il y a eu des tirs, ça a duré trois heures », témoigne-t-il auprès de l’AFP. « Ensuite, trois autres avions sont arrivés et ils ont recommencé à tirer. »

« Les troupes russes sont là »

Puis, les soldats russes sont tombés du ciel, relate Mykola Chymko, chauffeur de taxi qui fait la navette depuis la matinée dans la zone.

« Deux hélicoptères volaient derrière moi et tiraient sur le côté de la route », relate-t-il.

« Ensuite, je suis revenu et je vois environ 100 personnes. Et je vois que leurs uniformes ne sont pas les nôtres ».

Les soldats et parachutistes portaient des brassards blancs et aussi un insigne rayé orange et noir, celui de Saint-George, qui les identifie comme russes.

Plusieurs fois par heure les forces armées ukrainiennes et les forces russes croisent les tirs d’artillerie. Après le bruit sourd des tirs, une fumée noire stagne dans le ciel gris.  

Le président Volodymyr Zelensky a dit espérer que les forces russes soient rapidement encerclées et détruites.  

Mais dans le périmètre rapproché de l’aéroport, les forces ukrainiennes sont restées peu visibles, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Plusieurs colonnes de char ukrainiens manœuvraient à couvert dans les bois, surgissant parfois en file sur la route principale, embouteillée dans la direction de Kiev par ceux qui fuient, déserte dans la direction des combats.

Quelques unités de protection de la défense civile sont apparues sur le bord de la route fusils et pelles à la main.  

La station-service du carrefour a été assaillie par les automobilistes, espérant un dernier plein d’essence avant la fuite.  

À vélo, à pieds ou en tentant de faire du stop, provisions et sac de voyage à la main, certains habitants errent le long de cette route.  

À Gostomel, Ludmyla Klimova, qui tremble comme une feuille entre chaque explosion, marche aussi, mais ne sait plus où aller ni quoi faire.  

« La base fume là-bas, elle a été bombardée, nos maisons sont à proximité. Nous ne savons pas où courir, mes parents sont ici, ma sœur », dit-elle sur la placette du village.  

« Les troupes russes sont là, un de mes amis vit là-bas, et les Russes ont déjà approché sa mère avec une mitrailleuse », dit-elle avant de raconter, qu’hier encore, son petit village sans histoire grouillait de vie.  

Et surtout n’était pas tombé aux mains de l’ennemi.