(Corfou) Un routier grec a été retrouvé mort dimanche après-midi dans un camion carbonisé à bord d’un traversier italien toujours en feu près de l’île grecque de Corfou, a-t-on appris auprès des pompiers.

Âgé de 58 ans, ce routier est la première victime décédée recensée. Il faisait partie des douze passagers, tous chauffeurs routiers, initialement portés disparus après l’incendie, ont confirmé les garde-côtes grecs à l’AFP.

En début de matinée, l’un de ces douze disparus, un routier de 21 ans de la Biélorussie, avait été retrouvé sain et sauf à l’arrière du navire, où sa présence avait été détectée alors que le bateau était remorqué à moins de 3 km au nord de Corfou, ont indiqué les garde-côtes grecs.

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Un jeune homme de 21 ans a été retrouvé sain et sauf à l’arrière du navire

La découverte de ce passager, en vie après 50 heures dans le bateau en feu, avait suscité l’optimisme des autorités et des proches de disparus.

Mais une opération lancée pour secourir quatre à cinq autres disparus présumés en vie a abouti à la découverte du corps calciné d’un homme dans un camion garé dans les cales du traversier, selon les pompiers grecs.

Dix routiers manquent désormais encore à l’appel : sept Bulgares, deux Grecs et un Turc, selon les autorités.

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Le passager a été surnommé le « miraculé » par plusieurs médias grecs.

Le routier retrouvé vivant, surnommé le « miraculé » par plusieurs médias grecs, a été ramené sur le port de Corfou, vêtu d’un bermuda et chaussé de tongs, ses jambes maculées de suie, a constaté une journaliste de l’AFP.

« Je vais bien », a brièvement déclaré le jeune homme souriant aux journalistes, avant d’embarquer dans une ambulance jusqu’à l’hôpital, où les médecins l’ont trouvé « en très bonne forme », selon le directeur de l’établissement.

L’Euroferry Olympia de la compagnie italienne Grimaldi s’est embrasé vendredi à l’aube, en route pour le port italien de Brindisi, deux heures après son départ du port grec d’Igoumenitsa, avec 290 personnes – dont 51 membres d’équipage – enregistrées à bord.

Jusqu’ici, 279 personnes figurant sur le manifeste ont été secourues, mais aussi deux migrants clandestins afghans, laissant craindre que d’autres passagers aient pu embarquer sans être enregistrés.

Des « voix » dans le traversier

Le jeune routier rescapé a indiqué avoir entendu des voix à bord du bateau, a rapporté aux médias le directeur de l’hôpital, Leonidas Roumpatis.

« J’étais dans ma cabine. Je suis descendu jusqu’au dernier sous-sol. J’ai entendu des voix. Je n’ai pas vu les autres », a-t-il déclaré, cité par le site Iefimerida.

Le traversier sinistré semble « encore avoir des endroits sûrs pour les passagers. Comme nous avons vu l’un d’eux sortir, il y a de l’espoir », a déclaré un sauveteur, Andreas Korikis.

« Les recherches continuent mais l’accès est impossible par endroits », a-t-il dit à l’ANA, estimant que « chaque heure compte ».  

La nouvelle de la découverte d’un rescapé a suscité l’émotion sur le port de Corfou. « Il est en vie, je vous dis qu’il est en vie », a crié la femme d’un routier grec disparu à propos de son mari. « Faites ce que vous pouvez, s’il vous plaît. Ils ne pourront pas survivre plus longtemps », a imploré Vanas Bekiari, citée par l’agence grecque ANA.

Une quarantaine de pompiers étaient mobilisés dimanche pour participer aux secours.

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Vana Bekiari Mathiou, une proche d’une personne disparue, peine à contenir ses larmes alors qu’elle attend des nouvelles au port de Corfu.

« La charge thermique et la toxicité sur le navire restent élevées », a déclaré le ministre adjoint de la Marine marchande Costas Katsafados, « par endroits, le feu brûle encore. Les opérations sont vraiment délicates ».

Critiques

Les critiques montent depuis samedi sur les conditions de sécurité à bord de l’Euroferry Olympia, parti avec 800 m3 de fioul et 23 tonnes de « produits dangereux corrosifs », selon le ministère italien de l’Environnement.

L’enquête du Service grec des accidents maritimes ne fait que commencer. Mais l’incendie pourrait être parti d’un camion garé dans les cales.

Or, plusieurs chauffeurs routiers ont dit préférer dormir dans leur camion que dans les cabines bondées.

« D’après ce que je sais, mon père a dormi dans le camion. Le bateau était dans un état pitoyable à tous points de vue », a déclaré Ilias Gerontidakis, fils d’un disparu grec, dénonçant le manque de cabines, de sécurité et la saleté.

Conformément à la législation internationale, le traversier, construit en 1995, avait passé avec succès une visite de contrôle le 16 février, a précisé le groupe Grimaldi.

Les cabines et espaces publics sont régulièrement désinfectés, la surréservation est impossible et personne n’est autorisé dans les garages pendant la traversée, selon la compagnie qui assure qu’avec « 77 cabines (308 lits) et 409 sièges, le bateau peut facilement accueillir les 239 passagers pour un voyage de neuf heures ».