(Londres) Les banques européennes continuent d’injecter des milliards de dollars dans des compagnies qui développent la production de pétrole et de gaz, en dépit de leurs engagements en faveur du climat, dénonce lundi l’ONG britannique ShareAction.

« Vingt-cinq banques européennes, affichant toutes des objectifs de neutralité carbone, ont fourni l’an dernier 55 milliards de dollars de financement à des entreprises qui développent leur production de pétrole et de gaz », a affirmé l’ONG dans un communiqué.

Les britanniques HSBC et Barclays, suivies par la française BNP Paribas, constituent le trio de tête des établissements européens qui financent le plus l’expansion du secteur, selon une étude publiée lundi par cette ONG qui milite pour des « investissements responsables ».

ShareAction ajoute que le financement de ces activités se fait en contradiction avec les données scientifiques qui « montrent qu’il n’y a aucune place pour l’investissement dans de nouveaux champs pétroliers et gaziers si le monde veut limiter le réchauffement à 1,5 °C ».

L’organisation précise s’être basée sur les volumes de financement de ces banques « à 50 entreprises ayant de grands projets de développement pétroliers et gaziers dont Exxon Mobil, Saudi Aramco, Shell et BP ».

Seules Commerzbank, Crédit Mutuel et La Banque Postale « ont commencé à restreindre le financement aux entreprises développant la production de pétrole et de gaz », relève l’ONG.

La Banque Postale avait ainsi promis mi-octobre de sortir de toutes les énergies fossiles à l’horizon 2030, même si elle est moins exposée que d’autres institutions bancaires au secteur.

Le Crédit Mutuel Alliance Fédérale, entité qui rassemble 13 des 18 fédérations régionales du groupe Crédit Mutuel, avait annoncé peu après stopper « le financement de tout nouveau projet d’exploration, de production et d’infrastructure dans le pétrole et le gaz ».

Toutes les banques « vont tôt ou tard devoir mettre en place des engagements similaires s’ils veulent atteindre leurs objectifs de neutralité carbone », insiste ShareAction, pour qui financer le développement du pétrole et du gaz est « un scénario perdant-perdant pour les banques et leurs investisseurs ».

BNP Paribas affiche toutefois « une diminution significative du soutien accordé […] aux acteurs du pétrole et du gaz en 2021 par rapport à 2019 », et cette réduction « va se poursuivre » a fait valoir la banque auprès de l’AFP, assurant être « un financeur important » des énergéticiens européens engagés dans les énergies renouvelables.

Les ONG environnementales publient régulièrement des études fustigeant les banques ou sociétés d’investissement, notamment britanniques, accusées de continuer à financer les projets liés aux hydrocarbures malgré leurs promesses de verdir leurs activités.

La banque britannique HSBC avait ainsi publié mi-décembre un plan de sortie des financements d’activités liées au charbon thermique aussitôt décrié comme peu crédible par des organisations écologistes.

HSBC a indiqué lundi qu’elle annoncerait le 22 février, lors de la publication de ses résultats annuels, des objectifs concernant notamment le financement du pétrole et du gaz en ligne « avec les objectifs et les échéances de l’accord de Paris ».

Barclays continue pour sa part « à se focaliser sur (son) ambition d’être une banque neutre en carbone d’ici 2050 » et « s’est fixé un objectif de réduire de 15 % les émissions financées dans le secteur de l’énergie, dont le charbon, le pétrole et le gaz d’ici 2025 », selon un porte-parole.