(Londres) La police nord-irlandaise a fait preuve de « comportements collusoires » dans une série de meurtres et tentatives de meurtres commis par des groupes paramilitaires loyalistes à Belfast dans les années 1990, en pleine période de violences dans la province britannique, a affirmé mardi la médiatrice de la police.

Pendant trois décennies, des premiers troubles en 1968 à la signature de l’accord de paix du Vendredi saint, le 10 avril 1998, l’Irlande du Nord a été déchirée par un conflit opposant républicains en majorité catholiques et unionistes protestants.

Dans un rapport de 344 pages, la médiatrice, Marie Anderson, a examiné l’attitude de la police nord-irlandaise concernant huit attaques attribuées à l’Ulster Defence Association (UDA) ou aux Ulster Freedom Fighters (UFF), des groupes paramilitaires loyalistes.

Onze personnes ont été tuées dans ces attaques, dont cinq dans une agence de paris située dans une zone républicaine le 5 février 1992.

Dans un communiqué, Mme Anderson s’est déclarée « profondément préoccupée » par l’ampleur et l’étendue des manquements identifiés au cours de cette « enquête longue, complexe et délicate ».

Elle a estimé que les préoccupations soulevées par les familles des victimes et les rescapés des attaques concernant l’attitude de la police étaient « légitimes et justifiées ».

Parmi les défaillances identifiées, l’échec de la police à alerter deux hommes de menaces de mort, la destruction délibérée de fichiers relatifs à l’attaque commise dans l’agence de paris et l’incapacité de la police à exploiter des éléments de preuve.

Le rapport pointe aussi du doigt le recours « continu » et « injustifiable » à des informateurs impliqués dans des crimes graves comme des meurtres, condamnant l’attitude de la police qui consistait à « fermer les yeux » sur de telles activités.

La police nord-irlandaise, PSNI, s’est excusée auprès des familles de victimes pour les « manquements identifiés » par le rapport.

« Ce n’est qu’un chapitre pour nous », a réagi Tommy Duffin, dont le père a été tué lors de la fusillade de la boutique de paris Sean Graham.

Un nouveau chapitre s’ouvrira « quand on commencera à traquer les auteurs et les commanditaires », a-t-il ajouté, insistant sur la nécessité de « traduire ces gens devant la justice pour que nos proches puissent reposer en paix ».

« Ça fait trente ans que nous attendons ce rapport », à quant à lui réagi Bosco Kennedy, dont le frère James, 15 ans à l’époque, est la plus jeune des victimes de ce 5 février 1992. « Aujourd’hui nous avons obtenu la vérité, mais nous voulons toujours la justice. »