(Saint-Denis de la Réunion) Le cyclone Batsirai s’éloignait jeudi soir des côtes de la Réunion, île française de l’océan Indien, mais les autorités ont alerté sur une intensification des pluies et du vent dans la première partie de la nuit et n’envisagent pas de lever l’alerte rouge avant vendredi matin.

« Alors que le cyclone Batsirai commence tout juste à s’éloigner de La Réunion, nous vivons actuellement les conditions météorologiques les plus mauvaises depuis le début de l’épisode », a indiqué Emmanuel Cloppet, directeur régional de Météo-France, lors d’un point presse en début de soirée, heure locale.  Il évoque ainsi des vents forts allant « jusqu’à 150 km/heure dans les hauts », les zones non littorales de l’île, et déjà plus de 500 millimètres de pluies enregistrés dans les cirques (La Réunion en compte trois) et 1200 mm dans le massif du volcan.

« La dégradation va se poursuivre dans la soirée. L’alerte rouge reste donc pleinement en vigueur cette nuit » et « chacun doit rester confiné », a ajouté le préfet de l’île Jacques Billant, qui n’envisage de lever l’alerte rouge que vendredi à 9 h.

Cependant, « cette hypothèse nécessitera impérativement une confirmation de ma part à partir de 6 h demain matin au regard de l’évolution du système cyclonique », a-t-il précisé en rappelant que « le système cyclonique nous a réservé quelques surprises en stationnant plus longtemps que prévu au nord de La Réunion ».

L’île a été placée en alerte rouge cyclonique mercredi à 19 h locales (10h, heure de l'Est), imposant aux habitants de se barricader.

« Lever l’alerte rouge ne veut donc pas dire retour à la normale. Les conséquences du passage du cyclone présenteront encore des dangers pour la population. Les services de secours et d’intervention devront dégager les routes, sécuriser les fils électriques, déblayer les accès, rétablir les réseaux électriques, téléphoniques et d’alimentation en eau potable. La prudence restera donc de mise et les déplacements fortement déconseillés », « sauf cas de force majeure », a assuré M. Billant

Les accès aux cirques de Salazie et de Cilaos restaient fermés, tout comme, notamment, la route du littoral, axe majeur de l’île reliant la capitale administrative Saint-Denis au port et aux villes de l’ouest.  

Crues et montées des eaux

Le préfet a redemandé aux 860 000 habitants de l’île de rester vigilants en matière de crues et de montées des eaux : « nous avons toujours sept cours d’eau placé en vigilance jaune, mais leur passage en vigilance orange est à prévoir dans les prochaines heures au regard des précipitations ».

Le préfet a déploré douze blessés durant la nuit de mercredi à jeudi, dont le pronostic vital n’est pas engagé, et recensait jeudi soir 38 interventions directement liées au cyclone « pour des évènements de faible envergure ».  

Des coupures d’eau et d’électricité perduraient sur l’île.

En fin de semaine, Batsirai devrait toucher les côtes est de Madagascar et notamment la région de Mahanoro, prévoit Météo-France, possiblement au stade de cyclone Tropical Intense. L’impact pourrait être « majeur » pour cette région et de fortes pluies pourraient concerner la moitié sud de Madagascar.

Chaque année durant la saison cyclonique (de novembre à avril) une dizaine de systèmes dépressionnaires (tempêtes ou cyclones) traversent le sud-ouest de l’océan indien, d’est en ouest.  

La Réunion peut être touchée par des épisodes de pluies et de vents quand ces phénomènes s’en approchent plus ou moins loin, mais au vu de la petite taille de l’île (2512 km²), celle-ci est rarement directement touchée par l’œil d’un cyclone.

Le dernier épisode de ce type remonte à 2002 avec le passage du cyclone Dina. En revanche, l’île de Madagascar, située à moins de 1000 kilomètres à l’est, subit plus souvent les conséquences de ces phénomènes météoérologiques en raison de l’étendue de ses terres (plus de 500 000 km²)