(Moscou) Les militants russes des droits humains ont fait part de leurs inquiétudes mercredi après le placement en détention de la mère d’un militant contre la torture, arrêtée et emmenée de force en Tchétchénie, république russe connue pour son autoritarisme.

Zarema Moussaïeva, mère de trois exilés aux opinions critiques envers le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, a été arrêtée en janvier par les forces de l’ordre de cette république du Caucase russe à Nijni Novgorod, ville située à 1800 km de la Tchétchénie.

Sa famille affirme que Mme Moussaïeva a été enlevée par les forces tchétchènes par vengeance et cette affaire a soulevé la crainte en Russie que les forces de Ramzan Kadyrov, à la triste réputation, puissent opérer loin au-delà des frontières de la Tchétchénie.

Selon la police, Zarema Moussaïeva, 59 ans et qui souffre de diabète, a été interpellée en lien avec une ancienne affaire de « fraude ». Un tribunal tchétchène l’a placé mercredi en détention provisoire pour deux mois.

« Des bandits masqués ont emmené ma femme », a déclaré au site Znak.com son mari, Saïdi Iangoulbaïev, ancien juge fédéral russe d’origine tchétchène, qui est aujourd’hui dans l’opposition aux autorités de sa république.

Son fils milite contre la torture

Leur fils Aboubakar Iangoulbaïev a travaillé comme avocat pour l’ONG Comité contre la torture et qui a quitté la Russie après avoir subi un interrogatoire en décembre dernier.

Les autorités tchétchènes accusent un autre de leurs fils d’être derrière un compte sur les réseaux sociaux diffusant des informations anti-Kadyrov.

Le Comité contre la torture, qui dit avoir saisi la Cour européenne des droits de l’Homme au sujet de cette affaire, a transmis à l’AFP des enregistrements de vidéosurveillance montrant des hommes entraînant Mme Moussaïeva dans un ascenseur.

Mercredi, un député tchétchène au sein de la chambre basse du Parlement russe, Adam Delimkhanov, a suscité la controverse en jurant sur les réseaux sociaux de « décapiter » la famille entière de Zarema Moussaïeva.

Le Kremlin a de son côté assuré cette semaine que le président Vladimir Poutine n’avait pas l’intention de se mêler de l’affaire. Il a toutefois dit prendre en compte une lettre de hauts responsables de la presse russe appelant à sanctionner les menaces de M. Kadyrov envers les journalistes.

L’ONG Amnistie internationale, qui appelle à la libération de Mme Moussaïeva, a dénoncé mercredi « l’indifférence glaciale » du Kremlin.

Ramzan Kadyrov, qui dirige d’une main de fer la république la plus instable de Russie, est accusé de multiples violations des droits humains.

Il a menacé de s’en prendre au reste de sa famille de Mme Moussaïeva.

« Cette petite famille a une place qui l’attend soit en prison, soit sous terre », a-t-il écrit sur Telegram le lendemain de l’arrestation.