(Londres) Stress, dépenses excessives : jusqu’à un million de femmes au Royaume-Uni pourraient être concernées par des problèmes liés au jeu, une tendance renforcée par la facilité d’accès aux sites en ligne, selon une étude publiée lundi.

Le nombre de femmes qui reçoivent un traitement pour des problèmes de jeu a doublé en cinq ans, à 2423 en 2020-2021, et « cela ne représente qu’une fraction des personnes » concernées par ces difficultés, précise GambleAware, une organisation spécialisée dans ces questions, qui publie l’étude.

« Les problèmes liés au jeu peuvent prendre de nombreuses formes et avoir des impacts négatifs sur les ressources, les relations et la santé des personnes » qui en souffrent, ainsi que sur leurs proches, ajoute GambleAware dans un communiqué.

« Les comportements de jeu se manifestent différemment chez les femmes et les hommes », commente Liz Karter, thérapeute spécialisée en dépendance au jeu, citée dans le communiqué.  

Selon les auteurs de l’étude, les femmes sont ainsi davantage susceptibles que les hommes de déclarer que le jeu leur a causé des problèmes de stress ou de l’anxiété.

Et internet renforce le phénomène : « nous savons que la facilité d’accès aux jeux d’argent en ligne conduit de nombreuses femmes vers des jeux qui semblent innocents et socialement acceptables », ajoute Mme Karter.

« L’activité sur les sites de jeu populaires auprès des femmes connaît son pic dans les mois d’hiver, avec un trafic total moyen entre décembre et mars en hausse de 29 % comparé au reste de l’année », soulignent encore les auteurs.

Parmi les femmes qui font l’expérience des problèmes les plus graves, 39 % s’abstiendraient de demander de l’aide ou un traitement, par peur du regard des autres.

« Notre étude montre que les femmes peuvent ne pas se rendre compte qu’elles commencent à avoir des problèmes de jeu, ou peuvent être inquiètes de la stigmatisation », explique Zoë Osmond, directrice générale de GambleAware.

Parmi les signes qui doivent alerter figurent la perte de la notion du temps, les dépenses excessives ou le fait de dissimuler le jeu à ses proches.

Au Royaume-Uni, environ 0,5 % des adultes sont considérés comme « joueurs à problèmes », soit environ 430 000 personnes.

Les mois de confinement pendant la pandémie de COVID-19 n’ont fait qu’aggraver la situation pour de nombreux Britanniques cloîtrés chez eux.

Ces dernières années, toute une série de mesures a déjà été prise pour lutter contre ce fléau, de l’interdiction d’utiliser une carte de crédit pour parier, aux messages d’avertissement à la télé, en passant par la limite des paris dans les machines à sous ou le relèvement à 18 ans de l’âge pour parier à la loterie nationale.  

Une révision des règles sectorielles a été reportée plusieurs fois au grand dam des associations de lutte contre la dépendance.