(Paris) La France et l’Allemagne, médiateurs dans le conflit ukrainien, ont obtenu un « bon signal » de la part des Russes mercredi même si la réunion de Paris a été « difficile », avec une prochaine rencontre programmée dans deux semaines à Berlin, a estimé la présidence française.

« Dans le contexte actuel, nous avons obtenu aujourd’hui un bon signal dans des conditions difficiles », a-t-elle souligné. « Nous avons obtenu le signal de réengagement que nous recherchions », a insisté l’Élysée.

« Malgré des différences de lecture, la trêve doit persister, le cessez-le-feu doit être maintenu » entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine, a commenté de son côté l’envoyé spécial russe sur le conflit ukrainien, Dmitri Kozak.

Les conseillers des présidents français Emmanuel Macron, russe Vladimir Poutine, ukrainien Volodymyr Zelensky et du chancelier allemand Olaf Scholz se sont entretenus pendant plus de huit heures à l’Élysée des moyens de relancer le processus de paix en Ukraine, en pleine escalade des tensions à la frontière orientale de ce pays, où la Russie a massé jusqu’à 100 000 hommes.

« L’objectif de cette réunion était d’envoyer un signal de détente ou de désescalade dans un contexte avec beaucoup d’interrogations sur les intentions russes », a relevé la présidence française.

Elle a permis de « tester la volonté des Russes de négocier ou de trouver une solution diplomatique », a-t-elle ajouté.

Après avoir refusé pendant des mois de se réunir dans ce format quadripartite (dit « Normandie ») – la dernière réunion « Normandie » remonte au 17 septembre 2021 – les Russes ont marqué leur « réengagement dans le processus », a estimé Paris, en relevant l’état d’esprit « plus positif » du négociateur russe, Dmitri Kozak, que dans d’autres sessions.

Les quatre conseillers ont convenu de se réunir à nouveau dans deux semaines à Berlin pour approfondir leurs discussions.  

« Nous espérons que nos collègues ont compris nos arguments et que dans deux semaines nous aurons des résultats », a relevé Dmitri Kozak à l’issue de la rencontre.

Le négociateur russe a aussi insisté sur le fait que la situation dans les régions séparatistes de l’Ukraine et les tensions à la frontière où la Russie a déployé des troupes étaient « deux choses différentes ». Moscou réfute toute intention d’attaquer l’Ukraine, mais demande des garanties que ce pays ne rentrera jamais dans l’OTAN.

Loin d’un sommet

« Nous voulons maintenir ce dialogue », a pour sa part déclaré le négociateur ukrainien Andriï Iermak.

Les Russes et les Ukrainiens ont accepté de travailler à une consolidation du cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine, où un conflit entre Kiev et séparatistes prorusses a fait plus de 13 000 morts depuis 2014.

PHOTO THOMAS COEX, AGENCE FRANCE-PRESSE

« Nous voulons maintenir ce dialogue », a pour sa part déclaré le négociateur ukrainien Andriï Iermak depuis l’ambassade d’Ukraine.

« C’est important aujourd’hui où chacun s’interroge sur les intentions de Vladimir Poutine et la possibilité au fond d’une déstabilisation qui pourrait intervenir dans le Donbass ou sur la ligne de contact », a fait valoir l’Élysée.

« Dans un contexte ou chacun spécule, il y a un engagement russe à ce que le cessez-le-feu soit maintenu et renforcé », a souligné un conseiller présidentiel.

Les Russes et les Ukrainiens restent, en revanche, en désaccord sur les modalités du dialogue entre Kiev et les séparatistes.

Pour l’Ukraine, tout dialogue direct avec les séparatistes, ce que demande Moscou, est une « ligne rouge », a rappelé l’Élysée. Il reviendrait de facto à les légitimer, une perspective difficile à accepter pour l’opinion publique ukrainienne.

« Il faut maintenant préciser quand et comment la négociation va être structurée » au sein des groupes de travail mis en place par les accords de paix de Minsk de 2015, a concédé Paris.

L’Élysée a aussi concédé être encore loin d’un sommet entre MM. Poutine, Zelensky, Macron et Scholz, Moscou s’opposant à une telle perspective tant que Kiev n’aura pas rempli certains engagements.  

« S’il est possible d’obtenir des Russes un engagement à tenir un sommet, ce sera formidable », a ainsi lancé l’Élysée.