(Washington) Les progrès diplomatiques avec la Russie seront « difficiles » si Moscou maintient « un pistolet sur la tempe de l’Ukraine » et n’engage pas une « désescalade », a déclaré mercredi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

« La vraie question, c’est de savoir si la Russie est sérieuse au sujet de la diplomatie », a-t-il dit dans une conférence de presse avec son homologue allemande Annalena Baerbock à Washington avant des pourparlers entre l’Occident et Moscou prévus la semaine prochaine.

« Il est très difficile de faire de vrais progrès dans tous ces domaines dans une atmosphère d’escalade et de menaces, avec un pistolet sur la tempe de l’Ukraine », a-t-il prévenu.

PHOTO RANDALL GREENWELL, THE VIRGINIAN-PILOT. VIA ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le porte-avions USS Harry S. Truman arrivant à la base navale de Norfolk, en Virginie, le 13 juillet 2016. Le secrétaire à la Défense Lloyd Austin a ordonné à ce porte-avions nucléaire et aux cinq navires qui l’escortent de demeurer en mer Méditerranée au lieu de passer au Moyen-Orient. Cet ordre reflète l’inquiétude concernant l’accumulation de milliers de soldats russes près de la frontière ukrainienne.

Les Européens, les Américains et Kiev accusent depuis plusieurs semaines les Russes d’amasser des dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne en vue d’une potentielle invasion. Ils ont menacé à plusieurs reprises de sanctions « massives » et sans précédent si le Kremlin devait passer à l’acte.

La Russie de son côté réclame un accord limitant les élargissements de l’OTAN à ses portes.

Des pourparlers américano-russes doivent s’ouvrir lundi à Genève, suivis d’une réunion Russie-OTAN et d’une autre au sein de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.

« Il ne peut y avoir de décision sur la sécurité en Europe sans l’Europe. Il est crucial […] d’impliquer les partenaires en Europe », a estimé Annalena Baerbock.

« Il n’y aura rien sur l’Europe sans l’Europe. Pas seulement une pleine coordination et consultation, mais aussi une participation », a promis Antony Blinken en retour.

Le secrétaire d’État américain a aussi estimé, plus clairement encore que par le passé, que l’Allemagne devra empêcher le gazoduc controversé Nord Stream 2 d’entrer en fonction si la Russie attaque l’Ukraine.

« Si la Russie renouvelle son agression contre l’Ukraine, ce serait certainement difficile de voir du gaz couler dedans à l’avenir », a-t-il dit, expliquant que Nord Stream 2, considéré comme un moyen de pression potentiel des Russes à l’égard de l’Europe, devient ainsi à l’inverse « un levier » pour l’Europe contre les Russes.

La ministre écologiste allemande, qui a adopté une position similaire ces dernières semaines mais n’est pas forcément sur la même longueur d’onde que son chancelier social-démocrate Olaf Scholz, s’est montrée plus évasive, renvoyant à un accord américano-allemand conclu l’été dernier en la matière.

Nord Stream 2 est prêt à fonctionner et livrer du gaz en Europe, a assuré fin décembre son opérateur et le président russe Vladimir Poutine, mais l’Allemagne a suspendu sa certification.