(Paris) Garage et voitures incendiés, intimidation voire promesse de décapitation : les agressions et menaces visant les députés se multiplient alors que le passeport vaccinal arrive à l’Assemblée à trois mois de la présidentielle, suscitant la préoccupation des partis et des élus.

Au cours des dernières semaines, les menaces ont essentiellement ciblé des députés de la majorité présidentielle, qui doivent se prononcer sur la transformation du passeport sanitaire en passeport vaccinal.

« Il est difficile de quantifier, car tous les élus ne font pas remonter les menaces », explique à l’AFP une source au sein du groupe LREM.

« Mais ce qui s’est renforcé ces dernières semaines sur le passeport vaccinal, ce sont les menaces ciblées avec passage à l’acte », ajoute cette source.

« Je voudrais que nous dénoncions ensemble ces agissements », a affirmé dès la semaine dernière la présidente LREM de la commission des Lois, Yaël Braun-Pivet.

Le ministre de la Santé Olivier Véran a dit lundi dans l’hémicycle son « soutien indéfectible aux élus ».

Damien Abad, président des députés LR à l’Assemblée, a aussi condamné en conférence de presse « toutes les menaces envers les députés » : « Il n’y a pas de mandat impératif, chacun est libre de son vote », a-t-il souligné.

Les élus de la majorité demandent une « condamnation unanime » de tweets comme celui du candidat pro-Frexit à la présidentielle Florian Philippot qui a promis de « communiquer abondamment sur les noms des coupables », en d’autres termes les députés qui approuveront le passeport sanitaire.

« Onvatetuer »

L’agression la plus spectaculaire s’est produite la semaine dernière : le garage personnel du député LREM de l’Oise Pascal Bois, à Chambly, a été endommagé par un incendie et des inscriptions hostiles possiblement liées au passeport vaccinal taguées sur un mur d’enceinte de son domicile.

Plusieurs députés ont choisi de rendre publics les messages reçus, à l’image de la députée de Seine-Maritime Agnès Firmin Le Bodo, porte-parole d’Horizons, le parti d’Édouard Philippe.

Ou encore de Jacques Krabal, député LREM, qui a porté plainte après avoir reçu un courriel d’un certain « onvatetuer » lui promettant « une décapitation sur la voie publique » et d’éliminer également « Emmanuel Macron, mais aussi députés, juges, procureurs, magistrats, ministres, sages du Conseil constitutionnel qui ont collaboré sur ces dernières gouttes de trop ».

Le député LREM de Moselle Ludovic Mendes a lui aussi été menacé fin novembre de décapitation.

Le député LREM de la Manche Bertrand Sorre a porté plainte pour des menaces reçues sur Facebook, de même qu’Erwan Balanant (Finistère) après avoir reçu des menaces de mort par courriel émanant d’antivax.

« Il ne faut rien laisser passer », a affirmé dans un communiqué l’élu Modem de la 2e circonscription de Vendée Patrick Loiseau qui va porter plainte après avoir reçu des menaces de mort, comme la députée LREM du Loiret Stéphanie Rist, le député de Meurthe-et-Moselle Laurent Garcia (apparenté MoDem) ou leurs collègues LREM de la Loire Jean-Michel Mis et Valéria Faure-Muntian.

En Franche-Comté, les députés LREM Denis Sommer (Doubs) et Barbara Bessot Ballot (Haute-Saône) ont révélé sur Facebook avoir reçu des menaces de mort alors qu’ils s’apprêtent à voter pour le passeport vaccinal.

M. Sommer a confié avoir été victime de nombreuses menaces depuis « deux ans » : « pneus crevés, vitres brisées, tentative d’intrusion à mon domicile, lettres de menaces ».

Face à ces messages, le président (LREM) de l’Assemblée nationale Richard Ferrand doit faire un « point précis » en janvier avec les ministres de l’Intérieur Gérald Darmanin et de la Justice Éric Dupond-Moretti. La date n’est pas encore fixée.

Une référente a été désignée fin novembre au sein des services de l’Assemblée nationale pour « recueillir les signalements » et « conseiller » les élus.

Mais les agressions ne se limitent pas aux députés : fin novembre, la voiture du maire LR de Briançon Arnaud Murgia a été incendiée.

Le président de l’Association des maires de France (AMF) David Lisnard avait alors fait un « constat indéniable : il y a une augmentation des agressions contre les maires ou leurs adjoints, qu’elles soient physiques, verbales ou psychologiques ».

Le président de l’AMF doit lui aussi rencontrer prochainement M. Dupond-Moretti.