(Bruxelles) Le président des États-Unis, Joe Biden, parle souvent de ce qu’il considère comme essentiel en politique étrangère : bâtir des relations personnelles. Il semble toutefois y avoir une exception à cette règle : Vladimir Poutine.

Contrairement à ses quatre plus récents prédécesseurs à la Maison-Blanche, qui ont fait l’effort de créer certains liens avec le président russe, Joe Biden a clairement fait savoir que la vertu avait ses limites.

Les deux hommes doivent se rencontrer en tête-à-tête, mercredi à Genève. Depuis sa dernière rencontre avec M. Poutine, il y a 10 ans, Joe Biden a pris plaisir à raconter une anecdote selon laquelle il aurait dit au dirigeant russe : « M. le premier ministre, je regarde au fond de vos yeux et je ne crois pas que vous ayez une âme. »

Ce à quoi Vladimir Poutine aurait répliqué : « On se comprend tous les deux. »

À l’époque de cette rencontre, M. Poutine avait cédé son siège de président pour prendre celui de premier ministre parce que la constitution ne permettait pas à un président de briguer un troisième mandat. Il était tout de même perçu comme le véritable dirigeant de la Russie malgré son titre. De son côté, Joe Biden était alors vice-président dans l’administration de Barack Obama.

Le commentaire de Joe Biden se voulait une pointe à l’ancien président George W. Bush, qui s’était fait ridiculiser après sa première rencontre avec M. Poutine lorsqu’il avait déclaré qu’après avoir « regardé l’homme dans les yeux », il avait été en mesure de « comprendre son âme ».

Mais cette anecdote sert également à Joe Biden d’exemple pour démontrer qu’il voit clair dans le jeu du dirigeant russe contrairement à ses prédécesseurs qui pouvaient peut-être se laisser berner.

Le moment est maintenant venu pour une nouvelle rencontre entre Joe Biden et Vladimir Poutine alors que les relations entre les États-Unis et la Russie semblent se détériorer de jour en jour. M. Biden a pris son homologue à partie à répétition et a imposé de nombreuses sanctions contre des entités russes et des individus dans l’entourage de M. Poutine. Tout cela en raison notamment d’allégations d’interférence dans l’élection présidentielle de 2020 et pour des cyberattaques menées contre des agences fédérales.

Malgré ces sanctions, Vladimir Poutine est demeuré insensible. Des attaques dont la provenance a été reliée à des pirates informatiques russes ont récemment perturbé les activités d’un oléoduc important de même que celles du plus grand distributeur de viande dans le monde. Le Kremlin a nié toute implication.

Selon l’ancien ambassadeur des États-Unis en Russie, Michael McFaul, qui était présent lors du fameux face-à-face en 2011, Joe Biden pourrait bien afficher un plus grand scepticisme et probablement avoir une opinion mieux informée sur Vladimir Poutine que ses prédécesseurs.

« Sa connaissance de la région pourrait bien être meilleure que celle de tous les autres qui sont passés avant lui, a déclaré M. McFaul. Biden a passé du temps en Géorgie. Il a passé beaucoup de temps en Ukraine. J’ai voyagé avec lui en Moldavie et il a passé beaucoup de temps dans les pays les plus à l’est de l’OTAN. Il a été à tous ces endroits et a entendu toutes les histoires d’agressions et de menaces de la Russie. »

À titre de président, Joe Biden a déjà claironné qu’il adopterait une approche bien différente dans sa relation avec M. Poutine que Donald Trump qui faisait preuve d’un égard inhabituel envers le président russe.

Lors de sa première visite au département d’État, en février, Joe Biden a informé les employés de l’agence que les courbettes devant Poutine étaient terminées. Dans une entrevue accordée à la chaîne ABC, il avait franchi un autre pas en affirmant que Poutine était un tueur.

La Maison-Blanche a indiqué que les deux présidents ne participeraient pas à une conférence de presse conjointe. Joe Biden devrait tout de même s’adresser aux médias après la réunion prévue mercredi.