(Athènes) « La Turquie est un pays sûr » pour la plupart des demandeurs d’asile se trouvant sur les îles grecques de la mer Égée, a assuré lundi le ministère des Migrations grec, qui compte ainsi pouvoir accélérer les renvois.  

« La Turquie est un pays sûr pour les demandeurs d’asile de Syrie, d’Afghanistan, du Pakistan, du Bangladesh, de Somalie selon un décret conjoint adopté par les ministères des Affaires étrangères et des Migrations », a expliqué lundi le ministère des Migrations.

Ils ne sont pas en danger à cause de leur religion, de leur nationalité, de leur opinion politique, ou appartenance à un groupe social, et peuvent chercher l’asile en Turquie plutôt qu’en Grèce

Extrait d’un communiqué du ministère des Migrations de Grèce

Pour Notis Mitarachi, le ministre des Migrations, « ce sera un pas important pour réduire les flux illégaux de migrations » et forcer la Turquie à réadmettre les candidats déboutés de l’asile sur les îles grecques.

D’après l’accord UE-Turquie signé en 2016, Ankara devait accepter les réfugiés syriens renvoyés par Athènes après un examen censé déterminer si en Turquie ils seraient en sécurité ou non.

Mais depuis plus de quinze mois, la Turquie n’a accepté aucun des 1453 réfugiés que la Grèce veut renvoyer.

En février 2020, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait annoncé qu’il laisserait passer les migrants désireux de se rendre dans l’Union européenne. Des dizaines de milliers de réfugiés avaient alors afflué en direction de la Grèce, au poste-frontière de Kastanies (Pazarkule, côté turc) où des échauffourées avaient eu lieu pendant plusieurs jours. Depuis les discussions sur le dossier migratoire entre les deux voisins restent au point mort.

D’après l’ONG Refugee Support Aegean, le concept de « pays tiers sûr » est contraire à la législation européenne et le seul autre pays dans l’Union européenne à avoir attribué à la Turquie cette qualification est la Hongrie.

L’ONG Samos Volunteers estime que « cette notion n’est pas compatible avec l’article 3 de la Convention de Genève (relative à la protection des réfugiés) qui explique que les États signataires appliquent les dispositions de la Convention sans discrimination fondée sur la race, la religion ou le pays d’origine ».

Entre janvier et avril 2021, un peu plus de 1000 demandeurs d’asile sont arrivés en Grèce par la mer selon le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR). 47 % des demandeurs d’asile se trouvant dans les camps des îles de la mer Égée sont des Afghans, 15 % des Syriens et 9 % des Somaliens, d’après l’agence de l’ONU.