(Paris) Une enquête est ouverte pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique » après qu’un policier a été filmé jetant au sol la députée de gauche Bénédicte Taurine lors d’une manifestation d’agriculteurs jeudi au siège parisien de Pôle Emploi, a indiqué le parquet de Paris vendredi, sollicité par l’AFP.

Bénédicte Taurine appartient au parti La France insoumise (LFI), de la gauche radicale. Elle représente le département de l'Ariège, en Occitanie, une région tout au sud de la France, à la frontière espagnole.

Cette enquête, confiée à l’Inspection générale de la police nationale, aura pour but « notamment de déterminer avec exactitude les circonstances des faits au regard du contexte général de l’intervention des forces de l’ordre », a souligné le parquet.

La France insoumise avait réclamé « une condamnation claire » de la part du gouvernement et « des poursuites » contre ce policier filmé jetant au sol la députée LFI Bénédicte Taurine.

Les images diffusées sur BFMTV et les réseaux sociaux montrent la députée de l’Ariège, ceinte de son écharpe tricolore, ballotée dans une bousculade devant le bâtiment, puis un policier placé derrière elle qui la saisit dans le dos et la jette au sol.

La France insoumise a demandé au gouvernement dans la soirée, via un communiqué, « une condamnation claire de cet acte et des poursuites vis-à-vis ce fonctionnaire de police ».

« Il y en a qui disent que “le problème de la police, c’est la justice”. Il y en a qui espèrent qu’une manifestation fasse tomber “les digues de la loi et de la Constitution”. Il y en a pour qui une élue en écharpe tricolore ne représente rien. Y-a-t-il un pilote à l’Intérieur ? », a demandé le numéro deux de LFI Adrien Quatennens vendredi sur Twitter, en faisant référence aux mots d’ordre de la manifestation de policiers devant l’Assemblée nationale le 19 mai.

« Glaçant », a tweeté le député LFI Alexis Corbière à propos des images, reprenant le mot utilisé par la candidate socialiste aux régionales Audrey Pulvar pour qualifier la manifestation de policiers et qui avait déclenché une polémique avec le ministre de l’Intérieur.

Bénédicte Taurine a déploré de son côté un « silence assourdissant de Richard Ferrand (président de l’Assemblée nationale, NDLR) et Emmanuel Macron ».  

Le titulaire du perchoir de l’Assemblée a cependant demandé au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin « des éclaircissements nécessaires à cet évènement » dans un courrier dont l’AFP a eu connaissance.

M. Ferrand précise que la députée ceinte de son écharpe tricolore y est « aisément identifiable ».

Il avait également été interpellé par le président du groupe communiste à l’Assemblée André Chassaigne, courroucé par cette « violence inqualifiable et inadmissible », lui demandant d’exprimer au nom de tous les députés « l’indignation de la représentation nationale » lors des prochaines questions au gouvernement.

Dans la majorité, le vice-président LREM de l’Assemblée Hugues Renson a assuré Mme Taurine de sa « solidarité républicaine ». « La violence employée à l’endroit d’une élue de la Nation, arborant son écharpe tricolore, est inqualifiable et inadmissible », a-t-il tweeté.

Le communiste Sébastien Jumel a jugé la scène « inacceptable » et appelé sur Twitter à ce que « le droit de manifester, le libre exercice du mandat parlementaire (soient) garantis ».