(Madrid) La justice espagnole a rouvert un dossier pour crimes contre l’humanité visant le chef du Front Polisario, le mouvement indépendantiste sahraoui soutenu par Alger, à l’origine de la crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc.

Brahim Ghali, leader du Front Polisario est hospitalisé depuis avril dans un établissement de Logroño (nord) après avoir contracté la COVID-19, selon ses compagnons.

Déjà cité à comparaître le 1er juin devant la justice espagnole pour répondre d’une plainte pour « tortures » présentée par un dissident naturalisé espagnol du Front Polisario, il devra également répondre sur une autre affaire.

Il s’agit d’une plainte déposée il y a des années par l’Association sahraouie pour la Défense des Droits de l’Homme, pour des faits présumés de crimes contre l’humanité (génocide, torture, assassinats et disparitions), ont indiqué à l’AFP des sources judiciaires.

Ces crimes ont visé, selon cette association, des dissidents sahraouis réfugiés à Tindouf, dans l’ouest de l’Algérie.

Le dossier, traité par l’Audience nationale, un haut tribunal basé à Madrid, a été rouvert en raison de la présence sur le sol espagnol de Brahim Ghali, la police ayant pu formellement l’identifier après son hospitalisation.

La prochaine étape devrait en toute logique être la convocation du leader devant le tribunal.

Brahim Ghali milite pour l’indépendance du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole contrôlée dans sa majeure partie par le Maroc, qui propose une autonomie sous sa souveraineté.

L’accueil en Espagne du leader sahraoui a irrité le gouvernement marocain, pour qui la question du Sahara occidental est extrêmement sensible.

C’est dans ce contexte de tension diplomatique que près de 8000 migrants ont atteint à la nage lundi et mardi l’enclave espagnole de Ceuta située dans le nord du Maroc, une vague migratoire inédite.

Plusieurs experts interrogés par l’AFP estiment que ces arrivées sont liées au laxisme des autorités marocaines, qui font ainsi savoir leur mécontentement en pointant du doigt un sujet sensible pour l’Espagne cette fois : la gestion de l’immigration clandestine depuis l’Afrique.