(Belgrade) Le président tchèque Milos Zeman s’est excusé mardi pour les frappes aériennes de l’OTAN contre l’ex-Yougoslavie en 1999, auxquelles son pays a participé alors qu’il était premier ministre.

Ces frappes, qui ont duré trois mois, avaient pour but de forcer l’ancien homme fort de Belgrade, Slobodan Milosevic, à renoncer à la violente répression des séparatistes albanais au Kosovo, ex-province serbe qui a ensuite proclamé son indépendance en 2008.

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L-39ZA de la Force aérienne tchèque en 2014.

La campagne emmenée par les États-Unis a de fait mis un terme au conflit au Kosovo, dernier chapitre sanglant du démantèlement de l’ex-Yougoslavie, dans lequel plus de 13 000 personnes avaient été tuées.

Milos Zeman, premier ministre tchèque de 1998 à 2002 avant de devenir président en 2013, a déclaré que son pays avait été à l’époque « le dernier » au sein de l’OTAN à accepter le principe de ces frappes aériennes.

« Je voudrais profiter de cette occasion pour m’excuser pour les bombardements de l’ancienne Yougoslavie », a déclaré Milos Zeman au cours d’une visite officielle à Prague du président serbe Aleksandar Vucic.

Le président tchèque, 76 ans, qui fait face à des contestations en raison de sa proximité avec la Russie, a ajouté que son pays avait « désespérément » cherché des partenaires au sein de l’Alliance pour s’opposer aux bombardements, mais avait échoué.

« C’était un manque de courage », a-t-il dit.

« Avec cette demande de pardon, je résous un traumatisme de longue date, car le remords est libérateur. Je l’ai dit et j’ai sauvé mon âme ».

Les Serbes « seront éternellement reconnaissants » à Milos Zeman, a de son côté souligné Aleksandar Vucic.

« Les mots qu’il vient de dire sur les frappes n’ont jamais été prononcés auparavant ».

La campagne aérienne qui a duré onze semaines représentait la première intervention militaire de l’Alliance contre un État souverain en cinquante ans d’histoire de l’OTAN.

Du fait de ces bombardements, les pays occidentaux et en particulier les États-Unis jouissent d’une popularité sans partage au Kosovo.

Une statue de l’ancien président américain Bill Clinton a été érigée dans la capitale Pristina et un boulevard porte son nom.