(Paris) La cour d’appel de Paris examinera le 31 mai la contestation par le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui de sa mise en examen pour « complicité » d’assassinat de Samuel Paty, a appris l’AFP lundi de sources proches du dossier.

Lors d’une audience à la chambre de l’instruction lundi la question a été renvoyée au 31 mai pour des raisons procédurales, ont indiqué ces sources.

Samuel Paty, 47 ans, avait été décapité le 16 octobre près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) par Abdoullakh Anzorov, un réfugié tué peu après par les policiers.

M. Sefrioui, 62 ans, est accusé d’avoir, avec le parent d’élève Brahim Chnina, « nommément désigné » M. Paty « comme une cible sur les réseaux sociaux » avant l’assassinat, notamment via une vidéo diffusée le 11 octobre.

PHOTO LEWIS JOLY, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le portrait du professeur assassiné Samuel Paty, marqué d’un bandeau noir en signe de deuil, disposé sur les marches de l’Assemblée nationale de France, à Paris, le 20 octobre 2020. Abdelhakim Sefrioui, 62 ans, est accusé d’avoir « nommément désigné » M. Paty « comme une cible sur les réseaux sociaux » avant l’assassinat, notamment via une vidéo diffusée le 11 octobre.

Celle-ci vaut à M. Sefrioui, fiché S pour ses positions radicales, une mise en examen pour « complicité d’assassinat terroriste », une qualification lourde.

« Il n’est pas possible de lui reprocher une “complicité” car aucun lien n’a jamais été établi entre mon client et le terroriste […] ; il ne le connaissait pas », a expliqué dimanche à l’AFP son avocate, Me Élisee Elise Arfi.

« À la date de la vidéo, le tueur avait déjà connaissance de la polémique et mûri son projet criminel », fait-elle encore valoir.

Pour l’avocate, « ce recours n’est pas une injure à la mémoire de Samuel Paty, il s’agit de faire du droit ».

« Des gens font des vidéos ou des films sur tous sujets : faudra-t-il incriminer leurs auteurs si un fou s’en sert pour tuer quelqu’un ? », défend le conseil de M. Sefrioui, détenu à l’isolement depuis sa mise en examen le 21 octobre.

Pour les juges d’instruction, cités par Libération, la complicité de M. Sefrioui repose sur le fait de « réaliser et contribuer à la diffusion d’une vidéo […] révélant ou relayant des renseignements d’identification et de localisation professionnelle de Samuel Paty, en utilisant l’autorité que lui conféraient ses fonctions affichées de membre du Conseil des imams de France, pour susciter un sentiment de haine à l’égard de l’enseignant ainsi ciblé en lien avec la présentation de caricatures religieuses, et faciliter ainsi la définition d’un projet criminel par l’auteur principal ».

Les magistrats ajoutent : « Le tout en parfaite connaissance du contexte idéologique et criminel lié à la diffusion et à l’exposition de caricatures religieuses et des injonctions de passage à l’acte meurtrier diffusées par les organisations terroristes ».

En tout, quatorze personnes sont mises en examen, dont six collégiens.