(Paris) Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche à Paris pour réclamer au pouvoir plus d’ambition écologique, au moment même où la promesse présidentielle d’un référendum pour inscrire la protection du climat dans la Constitution semble avoir du plomb dans l’aile.

« Je ne suis pas là pour sauver la planète et trois tortues, je suis là pour sauver l’humain. Le gouvernement doit avoir le courage d’imposer la transition écologique », a lancé à Bordeaux (sud-ouest) Vanessa, artiste plasticienne et membre de l’ONG de protection océanique Surfrider, venue défiler vêtue d’une robe faite de filets de pêche échoués sur le littoral aquitain.

Les 163 défilés organisés à travers le pays ont réuni 115 000 personnes selon les organisateurs (plus de 45 000 selon la police), dont 56 000 à Paris (8500 selon la police).

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À Paris, les manifestants ont relié la place de la République à celle de la Bastille.

« Il s’agit de continuer à dénoncer le manque d’ambition de la loi climat et, depuis ce matin, l’abandon quasi certain du référendum qui constitue une reculade de plus », a résumé le réalisateur et militant Cyril Dion, présent dans le cortège parisien dernière une banderole « Loi climat = échec du quinquennat ».

La Loi « climat et résilience », voulue par M. Macron comme un texte phare de son quinquennat, a été adoptée mardi à l’Assemblée nationale.

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À Paris, un manifestant portant un masque à l'effigie d'Emmanuel Macron se déclarait coupable de l'inaction climatique.

Ce texte était censé traduire une partie des 149 propositions de la Convention citoyenne pour le climat (CCC),  panel de 150 personnes tirées au sort, créé en 2019 afin de donner la parole aux citoyens en matière de lutte contre le changement climatique.

L’objectif de cette loi est de paver à la voie à une réduction de 40 % les émissions de gaz à effet de serre « dans un esprit de justice sociale ».

Cette loi prévoit la suppression de certaines lignes aériennes intérieures en cas d’alternatives de moins de 2 h 30 en train, la création d’un délit d’écocide, ou encore l’interdiction de la mise en location des logements considérés comme des « passoires thermiques » à partir de 2028.

Malgré « quelques avancées », des ONG comme Greenpeace ont néanmoins dénoncé un « formidable gâchis » avec un « projet de loi pour faire semblant d’agir ».

M. Macron s’était également engagé devant la CCC à envoyer aux parlementaires la proposition de modification de l’article 1er de la Constitution. Mais face aux réticences du Sénat, ancré à droite (le texte doit être voté dans les mêmes termes par les deux chambres pour pouvoir être soumis à référendum), l’hebdomadaire Le Journal du Dimanche affirme que le président a renoncé au scrutin.

Interrogée par l’AFP, la présidence française a assuré que la modification constitutionnelle n’était « en rien enterrée », sans évoquer toutefois de référendum.

Le projet stipule que la France « garantit la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et la lutte contre le dérèglement climatique ».

Or, la majorité sénatoriale rejette le terme « garantit », estimant qu’il donnerait à la préservation de l’environnement priorité sur les autres principes constitutionnels.