(Washington) Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a dit mercredi espérer une amélioration des relations avec la Turquie en dépit de la reconnaissance américaine du génocide arménien, évoquant toutefois de nouveau la possibilité de sanctions si Ankara s’obstine à utiliser un système russe de défense aérienne.

Joe Biden a reconnu samedi le génocide arménien, devenant le premier président des États-Unis à qualifier ainsi la mort d’un million et demi d’Arméniens massacrés par l’Empire ottoman en 1915, suscitant la colère de la Turquie, qui a convoqué l’ambassadeur des États-Unis en signe de protestation.

Le génocide arménien est reconnu par plus d’une vingtaine de pays et de nombreux historiens, mais il est vigoureusement contesté par la Turquie.

Antony Blinken a souligné que Joe Biden avait signalé par téléphone son intention à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan afin d’éviter toute « surprise », et avait accepté de le rencontrer en juin en marge d’une réunion de l’OTAN.

« Nous devons faire preuve de respect envers la Turquie en exprimant nos désaccords clairement, directement, honnêtement, et nous attendons la même chose de la part de la Turquie », a dit le chef de la diplomatie américaine, répondant à la question d’un journaliste turc lors d’une table ronde sur la liberté de la presse dans le monde.

« J’espère vraiment que nous pourrons trouver une issue positive », a-t-il ajouté, appelant à ce que les deux pays « travaillent ensemble et approfondissent (leur) coopération ».

Les relations de la nouvelle administration Biden avec la Turquie avaient d’emblée été tendues, le démocrate ayant par le passé qualifié M. Erdogan d’« autocrate », et Washington reprochant à Ankara, membre de l’OTAN, l’achat du système de défense aérienne S-400 à la Russie, le principal adversaire de l’alliance.

Les États-Unis n’ont eu de cesse de réclamer à la Turquie d’abandonner les S-400. Le Congrès américain a même adopté une loi en ce sens en 2017, imposant de prendre des sanctions contre les nations achetant des quantités « importantes » d’armes russes.

« Nous sommes tenus » par cette loi, a rappelé mercredi Antony Blinken, « et nous allons la respecter à l’avenir ».

Il a précisé que les éventuelles sanctions s’ajouteraient aux mesures très ciblées imposées par l’ancien président Donald Trump en décembre contre l’agence gouvernementale turque chargée des achats d’armements.

M. Blinken a estimé que le système russe de défense aérienne fournissait à Moscou « des revenus, un accès et une influence ».

« Acheter le S-400 représente un danger pour la sécurité de la technologie et du personnel militaires des États-Unis et de leurs alliés, et cela affaiblit la cohésion de l’alliance », a-t-il dit.