(Berlin) L’Office allemand de protection de la Constitution, le Renseignement intérieur, a placé sous surveillance une partie de la mouvance antirestrictions liées à la pandémie qui manifeste régulièrement dans le pays et colporte des théories complotistes, a annoncé mercredi le ministère de l’Intérieur.

Cette décision intervient alors que la police a averti des députés qu’ils faisaient l’objet de menaces et d’injures sur l’internet, selon des médias allemands.  

Les « phénomènes, groupes et individus » qui remettent en cause les « principes constitutionnels essentiels » sont dans le collimateur des autorités depuis que l’Allemagne a pris des mesures attentatoires aux libertés publiques pour lutter contre la propagation du virus, a souligné le ministère.

« Notre ordre démocratique fondamental, ainsi que les institutions de l’État telles que les parlements et les gouvernements, ont fait l’objet de multiples attaques depuis le début des mesures visant à contenir la pandémie de COVID-19 », a souligné le ministère.

Le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer, a également assuré que cette mesure visait à « empêcher des délits ».

« J’attache une grande importance à une prévention hautement professionnelle », a-t-il souligné.

Avec cette décision, le Renseignement intérieur, qui redoute que la propagation de théories complotistes se poursuive après la fin de la pandémie, peut désormais rassembler des données sur certaines personnes évoluant dans cette mouvance.

Depuis un an, ce mouvement vaste et hétéroclite dit des « libres-penseurs » organise régulièrement des rassemblements dans toute l’Allemagne pour protester contre les restrictions.

Ces rassemblements sont truffés d’incidents avec la police qui a déjà dû faire usage de canons à eau ou de gaz lacrymogènes.

Mercredi dernier, une manifestation a ainsi rassemblé quelque 8000 personnes selon la police, à Berlin au moment où les députés adoptaient une réforme prévoyant notamment pour la première fois des couvre-feux au niveau national au-delà d’un certain seuil d’infections.

La police criminelle a notamment découvert sur Telegram des listes de noms de députés ayant donné leur feu vert à cette réforme, dont l’une contient des menaces de mort, selon l’agence dpa et des médias qui citent un document des sociaux-démocrates.  

Elle a néanmoins assuré que cette liste émanait d’une seule personne et que la menace restait donc relative.

Une grande partie de ces manifestants ne portent pas de masques et ne respectent pas les mesures de distanciation. Certains dénoncent « la dictature » imposée par la lutte contre les vagues épidémiques, d’autres remettent en cause l’existence même du virus.

Berlin juge que ces « libres-penseurs » colportent entre autres « des mythes conspirationnistes tels que QAnon », le mouvement qui a démarré aux États-Unis, ou « d’autres ressentiments antisémites ».

Les autorités allemandes estiment que de plus en plus souvent ces protestations sont instrumentalisées pour susciter des échauffourées.

Les organisateurs de ces manifestations « montrent en partie clairement que leur agenda va au-delà de la simple mobilisation pour protester contre » les mesures restrictives, a encore indiqué le ministère pour qui des liens avec les extrémistes de droite sont sciemment recherchés.