(Prague) La République tchèque a menacé mardi d’expulser tous les diplomates russes, accusant Moscou d’une « attaque terroriste sans précédent » sur son territoire en 2014 et en appelant à la solidarité de l’OTAN et de l’UE.

« Je suis prêt à tout. Même à repartir de zéro. Ce qui signifie que nous les renverrions tous chez eux », a déclaré le ministre des Affaires étrangères et de l’Intérieur, Jan Hamacek, sur Facebook.

Il a indiqué qu’il allait convoquer mercredi l’ambassadeur russe Alexandre Zmeïevski pour lui signifier de nouvelles mesures après l’expulsion de 18 diplomates russes considérés par Prague comme des agents secrets, à laquelle Moscou a répondu en expulsant 20 diplomates tchèques.

Il a appelé les pays de l’Union européenne et de l’OTAN à « une action collective » avec l’expulsion de diplomates russes en signe de solidarité avec Prague.

« L’ambassadeur de la République Tchèque a informé le Conseil de l’Atlantique Nord (les ambassadeurs des pays de l’OTAN) et les Alliés vont organiser des consultations avec le ministre tchèque des Affaires étrangères dans le courant de la semaine », a annoncé mardi soir un responsable de l’Alliance.

« Les Alliés de l’OTAN sont solidaires face au comportement déstabilisateur dangereux de la Russie », a-t-il ajouté. 21 des 27 pays de l’UE sont membres de l’OTAN.

Rapport des services de renseignement

Prague a accusé les services secrets russes d’avoir orchestré une explosion mortelle sur le territoire tchèque en 2014. Les auteurs présumés ont été identifiés comme étant les deux agents russes suspectés par Londres dans l’empoisonnement de l’ancien agent double russe Sergeï Skripal en 2018.

Le premier ministre tchèque Andrej Babis a déclaré que l’explosion, qui a tué deux personnes, était « une attaque terroriste sans précédent » dans le pays.

Citant un rapport des services de renseignement, le gouvernement tchèque a affirmé samedi que des agents du GRU, le renseignement militaire russe, avaient été impliqués dans l’explosion d’un dépôt de munitions à Vrbetice, dans l’est de la République tchèque, en octobre 2014.  

Cette explosion avait entraîné la mort de deux personnes et provoqué d’importants dégâts matériels.

La police tchèque a pour sa part déclaré rechercher pour leur rôle présumé dans cette explosion deux hommes porteurs de passeports russes aux mêmes noms que les suspects de la tentative d’empoisonnement au Novitchok de l’ex-agent double Sergueï Skripal à Salisbury, en Grande-Bretagne, en 2018.  

Andrej Babis a déclaré lundi que les munitions ciblées dans l’explosion appartenaient à un marchand d’armes bulgare qui vendait selon lui probablement des armes à des entités luttant contre la Russie.  

L’attaque a eu lieu en 2014, alors que la Russie avait annexé la péninsule ukrainienne de Crimée et qu’un conflit avait éclaté entre les forces ukrainiennes et des rebelles soutenus par la Russie dans l’est du pays.

Un général du GRU russe

L’hebdomadaire tchèque Respekt, en collaboration avec d’autres médias, dont le site d’information Bellingcat, a affirmé lundi que six agents du GRU, dont le chef de l’unité 29 155 du renseignement militaire russe, le général Andreï Averianov, étaient impliqués dans l’explosion.

« Pour le moment, nous ne connaissons que deux évènements impliquant (Andreï) Averianov en dehors de la Russie, et compte tenu de sa position élevée au sein du GRU, cela suggère qu’ils ont dû être importants pour le gouvernement russe », a écrit Respekt.  

Selon le magazine, l’explosion en République tchèque était l’un d’entre eux.   

L’AFP n’a pas été en mesure de vérifier ces informations.

M. Babis a également affirmé lundi que l’attaque contre le dépôt des munitions avait été mal préparée, car le matériel militaire était selon lui censé exploser en route vers la Bulgarie et non sur le territoire tchèque.  

Le marchand d’armes bulgare, la société Emco appartenant à l’entrepreneur Emilian Gebrev, a nié tout accord impliquant le dépôt à ce moment-là.  

M. Gebrev lui-même a été victime d’une tentative d’empoisonnement avec un agent neurotoxique en 2015 dans la capitale bulgare Sofia, et une enquête pour sa tentative de meurtre est en cours.