(Lisbonne) L’ex-premier ministre portugais José Socrates a été renvoyé en procès pour des crimes de blanchiment de capitaux et falsification de documents, mais a bénéficié d’un non-lieu concernant trois accusations pour corruption formulées à son encontre par le parquet, selon le jugement rendu vendredi à Lisbonne par le Tribunal central d’instruction criminelle.

Le ministère public, qui pourra faire appel de cette décision, accusait l’ancien dirigeant socialiste d’avoir touché quelque 34 millions d’euros (50 millions de dollars canadiens) en échange de faveurs rendues à trois groupes économiques pendant qu’il gouvernait le Portugal, entre 2005 et 2011.

M. Socrates devra se défendre devant le tribunal d’avoir occulté des fonds avec la complicité de l’homme d’affaires Carlos Santos Silva, un ami d’enfance soupçonné d’agir comme son homme de paille.

Cependant, la décision rendue vendredi est accablante pour les procureurs qui avaient accusé au total 19 personnes et neuf sociétés de 189 crimes, le juge d’instruction Ivo Rosa n’ayant finalement retenu qu’une dizaine d’accusations.

Outre MM Socrates et Santos Silva, l’ancien banquier Ricardo Salgado devra répondre de trois crimes d’abus de confiance et l’ex-ministre Armando Vara sera jugé pour un crime de blanchiment de capitaux.

Les trois crimes de corruption passive imputés à M. Socrates avaient déjà été prescrits au moment où l’accusation a été formulée, en octobre 2017, a estimé le juge d’instruction Ivo Rosa qui, pendant plus de trois heures, a lu un résumé de son jugement au cours d’une audience retransmise en direct à la télévision.

En se prononçant tout de même sur le fond de l’affaire, le magistrat a démonté quasiment point par point les conclusions du parquet, critiquant à plusieurs reprises l’« absence de preuves », le « manque de rigueur » ou le caractère « stérile » de l’acte d’accusation.

En ce qui concerne les pots-de-vin que M. Socrates aurait reçus de Ricardo Salgado, l’ancien patron de la banque Espirito Santo, le juge a conclu que les indices recueillis par les procureurs étaient « manifestement insuffisants pour soutenir sa condamnation pour n’importe quelle forme de corruption passive ».