(Paris) Avec désormais plus de malades de la COVID-19 aux soins intensifs qu’au pic de la deuxième vague, la France est à nouveau au pied du mur entre le spectre du tri des malades à l’hôpital et des restrictions sanitaires qui risquent d’aller crescendo.

Les médecins réclament plus de restrictions

À deux jours d’un conseil de défense sanitaire décisif autour du président Emmanuel Macron, le gouvernement affronte la pression des médecins qui réclament un nouveau tour de vis.

Le nombre de malades aux soins intensifs s’élève à 4974, soit désormais plus qu’au pic de la deuxième vague de l’épidémie en automne (4903), selon les chiffres publiés lundi par l’agence sanitaire Santé publique France.  

Au total, en comptant les malades de la COVID-19 et les autres, ce sont près de 90 % des lits en soins intensifs du pays qui sont d’ores et déjà occupés.

Et la flambée épidémique — entre 40 000 à 50 000 patients testés positifs chaque jour la semaine dernière-n’augure pas d’une baisse immédiate dans les entrées à l’hôpital.

Sur le territoire, la pandémie ne cesse de s’étendre, poussée par le variant anglais plus contagieux et plus virulent, avec 57 départements sur 101 au-dessus du seuil d’alerte maximale des autorités sanitaires, contre 42 cinq jours plus tôt, et seulement 23 au 10 mars.

2000 morts la semaine dernière

La semaine dernière, plus de 2000 personnes sont encore mortes de la COVID-19 à l’hôpital ou dans les établissements spécialisés pour les personnes âgées, malgré la campagne de vaccination (7,7 millions de premières doses injectées, 2,6 millions de secondes doses).

Dans deux tribunes distinctes dans la presse, des médecins hospitaliers ont donné de la voix pour alerter sur le spectre du « tri des patients » à la porte des réas.

« En imposant aux soignants de décider quel patient doit vivre et quel patient doit mourir, sans l’afficher clairement, le gouvernement se déresponsabilise de façon hypocrite », a dénoncé l’un des collectifs signataires.

Des « choix terribles pour les soignants » que le ministre de la Santé Olivier Véran a assuré vouloir leur éviter, lors d’un entretien dimanche avec ces directeurs médicaux de crise, a rapporté son entourage à l’AFP.

« Le ministre a rappelé qu’il fallait vérifier ce que les mesures déjà mises en place avaient comme impact sur (les soins intensifs), et que si cet impact était jugé insuffisant pour passer le cap difficile des trois prochaines semaines, le gouvernement serait amené à prendre rapidement des mesures supplémentaires », a-t-on expliqué de même source.

Les restaurants, bars, salles de sports et lieux culturels (théâtres, musées, cinémas) n’ont jamais rouvert depuis le début du deuxième confinement à l’automne et un couvre-feu, de 19 h à 6 h, est en place sur tout le territoire. Dans 19 départements, dont toute la région parisienne, les déplacements sont limités à 10 km et nombre de magasins jugés non essentiels, comme les boutiques de vêtements, y sont fermés.

Écoles toujours ouvertes

Malgré les appels à serrer la vis, la majorité défend la stratégie du gouvernement, celle d’un confinement en tout dernier recours, mettant en avant la santé mentale de la population et la sauvegarde de l’économie.

« Les décisions prises qui permettent de freiner la propagation du virus sont celles qui sont pertinentes d’un point de vue sanitaire et acceptables au regard des restrictions que les Français acceptent de respecter depuis déjà un an », a résumé sur Public Sénat la présidente déléguée du groupe du parti au pouvoir LREM à l’Assemblée nationale, Aurore Bergé.

Contrairement à nombre de ses voisins européens, la France n’a pas fermé ses écoles même si désormais l’apparition d’un malade dans une classe entraîne sa fermeture dans les départements reconfinés.

Pour Emmanuel Macron, « la fermeture complète des écoles ne saurait être un tabou, mais elle doit demeurer un dernier recours et une mesure limitée au maximum dans le temps ».

Depuis le début de l’épidémie, il y a plus d’un an, plus de 94 600 personnes sont mortes en France de la COVID-19.