(Paris) La France aborde une semaine décisive sous la pression de la troisième vague de l’épidémie de COVID-19 dont la flambée provoque la multiplication des signaux d’alarme à l’hôpital et des appels à des mesures plus strictes.

Le nombre de patients atteints de la COVID-19 en réanimation a continué d’augmenter dimanche, atteignant 4872 malades, soit presque le pic de la deuxième vague à l’automne, selon les données de Santé publique France (SPF).

Un chiffre qui se rapproche de celui de la 2e vague à l’automne qui avait culminé le 16 novembre à 4903 malades. Au total, 94 492 personnes sont mortes depuis le début de l’épidémie.

Saturation des hôpitaux, établissements scolaires dépassés : y aura-t-il un tour de vis supplémentaire cette semaine ? « Rien n’est décidé », répond le président Emmanuel Macron dans le Journal du dimanche.

« Pour les jours qui viennent, nous allons regarder l’efficacité des mesures de freinage et nous prendrons si nécessaire celles qui s’imposent », souligne le chef de l’État dans cet entretien réalisé vendredi soir, alors que la situation sanitaire est de nouveau qualifiée de « critique » par l’exécutif.

Un conseil de défense doit se tenir mercredi pour décider d’un éventuel durcissement des mesures.

L’épidémie a progressé quasiment partout en France en mars, poussée par le variant anglais jugé plus contagieux et plus virulent.

Depuis vendredi minuit, trois départements, soit le Rhône, l’Aube et la Nièvre, se sont ajoutés aux 16 autres, dont Paris et sa région, soumis à des mesures de restrictions plus sévères : pas de déplacements à plus de 10 km sans dérogation, pas de sortie du territoire sans motif impérieux, commerces fermés et demi-classes en lycée.  

Parallèlement, 24 autres départements sont sous vigilance renforcée. Dans le reste du pays, un couvre-feu est en vigueur de 19 h à 6 h. Partout, bars, restaurants, lieux culturels restent fermés.

« Médecine de catastrophe »

« La bataille des prochains jours est simple. Du pragmatisme et une réponse adaptée face au virus, des mesures de freinage en particulier destinées à préserver les soignants et les personnes vulnérables et une mobilisation générale pour dérouler notre plan d’attaque sur le vaccin », anticipe Emmanuel Macron.

Car sur le terrain les signaux d’alarme se multiplient.

En Île-de-France, 41 directeurs médicaux de crise des Hôpitaux de Paris évoquent une « situation de médecine de catastrophe », disant se préparer à devoir « faire un tri des patients afin de sauver le plus de vies possible », dans une tribune publiée par le JDD.

« Dans les quinze prochains jours », estiment les signataires, « nous savons d’ores et déjà que nos capacités de prise en charge seront dépassées ».

Dans l’Éducation nationale, des témoignages relatent les difficultés à faire fonctionner les établissements avec des personnels enseignants et administratifs touchés par l’épidémie.  

« Depuis plusieurs semaines et chaque jour davantage, la situation sanitaire dans les écoles (du département) se dégrade. Élèves, enseignants, personnels communaux […] sont de plus en plus nombreux contaminés par le virus », avertissaient samedi cinq maires de Seine–Saint-Denis, un département de banlieue parisienne particulièrement touché.

Chez les 0-14 ans, le taux d’incidence a augmenté de 31 % du 15 au 21 mars par rapport à la semaine précédente, selon le point épidémiologique publié vendredi par l’agence sanitaire, même s’ils ne sont pas gravement malades : 126 patients âgés de moins de 20 ans étaient hospitalisés samedi en raison de la COVID-19.

Contrairement à nombre de ses voisins européens, la France n’a pas fermé ses écoles même si désormais l’apparition d’un malade dans une classe entraîne sa fermeture dans les départements reconfinés.

Mais les voix se multiplient, parmi les syndicats d’enseignants, ou certains politiques, comme la chef de file de l’extrême droite Marine Le Pen, pour demander leur fermeture.  

Pour le chef de l’État, « la fermeture complète des écoles ne saurait être un tabou, mais elle doit demeurer un dernier recours et une mesure limitée au maximum dans le temps ».

Nombre d’épidémiologistes recommandent un durcissement des restrictions. Et des élus demandent l’extension de la vaccination, ouverte samedi aux plus de 70 ans sans comorbidités.

« Ce serait un mauvais choix politique et sanitaire », pour Emmanuel Macron. « Si j’ouvrais à toutes les tranches d’âge d’un coup, il y aurait des inégalités sociales et territoriales dans l’accès au vaccin », assure-t-il.

Alors que près de 3 millions de doses supplémentaires sont attendues cette semaine, le président parie sur le déploiement de « mégacentres » de vaccination pour tenir son engagement de « proposer un vaccin à tous les adultes qui le souhaitent avant la fin de l’été ».