(Londres) Pays le plus endeuillé d’Europe, le Royaume-Uni a observé une minute de silence mardi en hommage à ses 126 000 morts de la pandémie, un an après l’instauration du premier confinement.

Ce triste anniversaire a été marqué à travers le pays au moment où une campagne de vaccination anti-COVID-19 massive, l’une des plus avancées au monde, offre l’espoir d’une porte de sortie après les strictes restrictions instaurées début janvier pour la troisième fois.  

À midi (8 h, au Québec), le pays s’est figé dans le silence, au Parlement, devant les hôpitaux et ailleurs, pour saluer les morts et les soignants de première ligne, avant que ne sonnent les cloches d’église.  

Message de la reine

« Alors que nous attendons impatiemment un avenir meilleur ensemble, aujourd’hui nous marquons une pause pour penser au chagrin et au deuil qui continuent d’être ressentis par tant de gens et de familles », a écrit la reine Élisabeth II dans un message accompagnant un bouquet de fleurs envoyé à l’hôpital londonien où a récemment séjourné son époux, le prince Philip.

« Il y a eu des moments très tristes, parce que des jeunes et vieux sont morts malheureusement », a déclaré à l’AFP Alana Greig, infirmière à Glasgow, « par moment on a l’impression qu’on aurait pu faire mieux, mais en fait on ne pouvait pas, parce qu’on a fait le meilleur pour eux ».

Quelques instants plus tard, un tableau de Banksy s’est arraché pour 16,75 millions de livres sterling (près de 20 millions d’euros) aux enchères. Une somme record pour l’artiste britannique, qui sera pour l’essentiel reversée au service public de santé.

« Game Changer » représente un petit garçon qui, après avoir jeté à la poubelle ses figurines de Batman et Superman, joue avec une poupée d’infirmière portant un masque et une cape.

Dans le cadre de cette « Journée de la réflexion », les Britanniques sont invités à allumer une lumière sur leur pas de porte à 20 h tandis que s’illumineront des monuments nationaux.

Le soir du 23 mars 2020, le premier ministre Boris Johnson s’était résolu à annoncer, dans le sillage d’autres pays européens, le confinement immédiat du Royaume-Uni, qui comptait alors plus de 330 morts, avec la fermeture des écoles, musées, restaurants, et l’obligation de rester chez soi.  

Alors critiqué pour sa désinvolture face au virus, le dirigeant conservateur se vantait encore trois semaines plus tôt d’avoir serré les mains de malades de la COVID-19 lors d’une visite à l’hôpital.  

Constatant que l’année écoulée avait « testé la détermination et résistance » des Britanniques, le prince Charles, touché par une forme légère de la COVID-19, a estimé qu’ils émergeaient de ce moment « avec une confiance renouvelée les uns envers les autres ».

Enquête publique

Boris Johnson, qui avait été hospitalisé en soins intensifs avec la maladie, a appelé les Britanniques à « réfléchir à l’année passée, l’une des plus difficiles de l’histoire de notre pays ».

Le ministre de la Santé Matt Hancock a estimé « essentiel » de tirer les leçons de l’année écoulée, restant toutefois réticent pour le moment à l’ouverture d’une enquête publique réclamée par l’opposition travailliste sur la gestion de la crise par le gouvernement conservateur.  

L’exécutif a toutefois réussi le tour de force d’administrer une première dose à plus de la moitié des adultes, dont Élisabeth II, depuis le lancement de la campagne d’immunisation début décembre, soit près de 28 millions de personnes. Il compte en profiter pour lever très progressivement les restrictions d’ici à la fin juin.  

Des limitations drastiques seront toutefois maintenues aux frontières pour éviter d’importer des variants potentiellement plus résistants aux vaccins, alors que Boris Johnson a prévenu que la vague actuellement observée sur le continent européen risquait de toucher aussi son pays.

Cet anniversaire intervient en plein bras de fer sur les fournitures du vaccin AstraZeneca, l’un des deux utilisés au Royaume-Uni avec le Pfizer/BioNTech, avec l’Union européenne, qui a menacé de bloquer les exportations des doses produites sur son territoire.

Mais même si les vaccins peuvent endiguer la propagation du virus, le Royaume-Uni risque, à défaut de réformes urgentes, de continuer à ressentir les effets de la pandémie pendant une décennie au moins en termes de santé et de précarité, a prévenu la British Academy, académie nationale des sciences humaines et sociales.