(Bruxelles) Les États-Unis ont confirmé mardi leur volonté de relancer l’OTAN lors du prochain sommet de l’Alliance, mais le secrétaire d’État américain Antony Blinken a laissé ses homologues dans le flou sur le désengagement en Afghanistan.

« Nous sommes déterminés à revitaliser nos alliances, à commencer par l’OTAN », a annoncé le nouveau secrétaire d’État dans sa première déclaration à son arrivée au siège de l’OTAN.

Mais Antony Blinken est resté flou sur la mission de l’Alliance en Afghanistan. « Nous n’avons pas encore arrêté notre position. Je viens partager certaines de nos réflexions et consulter les alliés », a-t-il expliqué.

« Pas encore de décision finale »

« Nous avons eu un échange constructif, mais il n’y a pas encore de décision finale, car elle dépend de l’évaluation du processus de paix », a expliqué le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg dans son compte rendu des discussions.

Il faut être réalistes. Le chemin sera difficile et il n’y a aucune garantie de succès, car ces pourparlers de paix sont fragiles.

Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg

Une réunion est prévue en Turquie le mois prochain, a-t-il rappelé.

Les Européens n’ont pas caché leur désappointement. « Si les négociations de paix ne sont pas terminées d’ici la fin avril, cela signifiera que la présence militaire sera prolongée », a déclaré le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas.

Un arbitrage devient urgent pour « Resolute Support », la mission de formation de l’OTAN en Afghanistan, car l’accord conclu avec les talibans par l’administration de l’ex-président américain Donald Trump prévoit le départ de toutes les troupes étrangères le 1er mai.

Difficile de partir le 1er mai

Le président Joe Biden a reconnu la semaine dernière qu’il serait « difficile » pour Washington de respecter cette échéance. Les talibans ont averti que les États-Unis seraient « responsables des conséquences ».

« Fin avril-début mai, il faudra trouver une solution et il faudra aussi un accord avec les talibans pour avoir la garantie que les violences ne prendront pas les proportions que nous avons connues par le passé », a insisté Heiko Maas.

L’OTAN est en Afghanistan depuis presque 20 ans, mais a réduit sa présence, passée de 130 000 militaires de 36 pays engagés dans des opérations de combat à 9600 aujourd’hui, dont 2500 Américains et 1600 Allemands, chargés de la formation des forces afghanes.

La réunion des ministres des Affaires étrangères se déroule en présentiel pour la première fois depuis le début de la pandémie il y a un an, alors que le virus continue de frapper durement les pays européens.

Le secrétaire d’État américain a prévu de nombreux entretiens bilatéraux avec ses homologues.

Celui avec l’Allemand Heiko Maas pourrait être délicat en raison de l’opposition affichée des États-Unis au projet de gazoduc Nord Stream 2 entre l’Allemagne et la Russie. « Je vais le redire à mon homologue », a annoncé Antony Blinken.

Que faire de la Turquie ?

Plusieurs autres sujets difficiles seront abordés au cours des deux journées. Les Européens souhaitent une discussion franche sur le comportement de l’allié turc avec ses achats militaires à la Russie.

Ce n’est un secret pour personne que nous avons des différends avec la Turquie, notamment au sujet des S-400 (système antimissile russe) et de certaines actions entreprises, y compris en Méditerranée orientale. Ce n’est pas non plus un secret que la Turquie est un allié de longue date et apprécié, et un allié que nous avons, je crois, un grand intérêt à garder ancré à l’OTAN.

Antony Blinken, secrétaire d’État des États-Unis

Les budgets militaires sont un autre point de contentieux.

Club des 2 %

Les alliés se sont engagés à consacrer 2 % de leur PIB aux dépenses de défense pour 2024. Onze d’entre eux, dont la France, ont atteint cet objectif en 2020. Pas le Canada.

Mais Jens Stoltenberg les a divisés en demandant « une augmentation importante » du budget d’investissement et du budget militaire pour « renforcer la dissuasion » de l’Alliance face « au comportement agressif de à la Russie » et à la « montée en puissance de la Chine ».  

« Nous sommes en train d’ouvrir un nouveau chapitre avec la volonté des États-Unis de reconstruire et de renforcer l’Alliance. Le débat est posé et il devra être tranché lors du sommet prévu dans quelques mois », a-t-il déclaré.

Le premier sommet de l’Alliance de Joe Biden pourrait se tenir en juin, en même temps que le Sommet du G7, si les conditions sanitaires le permettent, ont indiqué plusieurs délégations.

Avec La Presse