(Sofia) La Bulgarie a annoncé lundi l’expulsion de deux diplomates russes après la découverte d’un réseau d’espionnage présumé au profit de Moscou, une décision qui intervient dans un contexte tendu entre les deux pays.

« Le ministère bulgare des Affaires étrangères a déclaré persona non grata deux diplomates de l’ambassade de Russie à Sofia et leur a donné 72 heures pour quitter le pays en raison d’activités incompatibles avec leur statut diplomatique », selon un communiqué.

Six arrestations

Les autorités avaient fait état vendredi de l’interpellation de six personnes, parmi lesquelles plusieurs cadres du ministère de la Défense accusés d’avoir fourni des informations classifiées au chef du réseau, un ancien des services de renseignement.

Son épouse de nationalité russo-bulgare « jouait ensuite le rôle d’intermédiaire » avec Moscou, d’après la même source.

Dans le cadre des « investigations préliminaires, il a été établi que deux ressortissants de la Fédération de Russie avaient effectué une activité de renseignement non réglementée », a expliqué le bureau des procureurs, qui a notifié le ministère.

L’ambassade de Russie a aussitôt déploré cette expulsion : « cette énième démarche sans fondement des autorités bulgares ne va pas contribuer au développement d’un dialogue constructif entre la Russie et la Bulgarie », a-t-elle réagi dans un commentaire posté sur sa page Facebook.

« La Russie se réserve le droit à des mesures de représailles », a-t-elle averti.

Plusieurs affaires d’espionnage russe

Moscou avait déjà regretté la semaine dernière des « tentatives inlassables » de porter atteinte au dialogue russo-bulgare et de « diaboliser » la Russie.

La Bulgarie entretient traditionnellement des relations économiques étroites avec la Russie, mais depuis octobre 2019, plusieurs affaires d’espionnage ont suscité des crispations.

Cinq diplomates russes et un assistant technique à l’ambassade ont été expulsés sur la période.

Survenu à deux semaines des élections législatives bulgares, le démantèlement de ce groupe d’espions présumés a été salué par Washington, Londres et Varsovie.

« Les États-Unis se tiennent aux côtés des Bulgares contre ces activités pernicieuses sur leur territoire », a écrit samedi sur Twitter le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, tandis que les Britanniques et Polonais ont exprimé leur soutien aux « efforts bulgares pour contrer les actions hostiles de la Russie ».

Le secrétaire général de l’OTAN, le Norvégien Jens Stoltenberg, s’est par ailleurs entretenu lundi au téléphone avec le premier ministre Boïko Borissov.

L’affaire a cependant été accueillie avec réserve par Me Mihail Ekimdjiev, un avocat connu pour soutenir des plaintes auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme.

« Vu le caractère amateur de ce soi-disant réseau d’espionnage, je n’exclus pas qu’il ait été provoqué par un agent secret (à la solde de la Bulgarie) au moment opportun », a-t-il commenté dans un journal d’opposition, voyant également là une tentative maladroite de plaire à la nouvelle administration américaine.

Selon lui, la Bulgarie s’expose à une condamnation pour des questions de procédure. « Des civils ne peuvent pas être jugés par un tribunal militaire », a-t-il souligné, en référence notamment à l’épouse du chef du réseau.

C’est en effet un jury militaire qui a décidé du maintien en détention de cinq des six personnes arrêtées.