(Moscou) Promettant de se faire vacciner mardi, le président russe Vladimir Poutine a dénoncé lundi les « étranges » déclarations d’un haut responsable européen qui a affirmé que l’Europe n’avait pas besoin du vaccin anti-COVID-19 russe Spoutnik V.

Vladimir Poutine, dont on attend depuis décembre la vaccination conformément à sa promesse, n’a pas précisé s’il se ferait injecter ce vaccin, le premier développé par la Russie, qui a entretemps annoncé en avoir conçu deux autres.

Quelques minutes plus tôt, lors d’une réunion sur la vaccination par vidéoconférence retransmise à la télévision, le président russe s’était emporté contre l’Union européenne, après des propos du commissaire européen Thierry Breton sur le vaccin russe.  

« Nous ne forçons personne à faire quoi que ce soit […] mais nous nous interrogeons sur les intérêts que défendent ces gens, ceux des entreprises pharmaceutiques ou ceux des citoyens européens ? », a-t-il affirmé.

Les producteurs du vaccin russe contre le coronavirus ont accusé lundi le commissaire européen Thierry Breton d’avoir une approche « biaisée » pour avoir affirmé que l’UE n’avait « absolument pas besoin » du Spoutnik V.

La Russie a-t-elle un « mal fou à fabriquer » le Spoutnik V ?

S’exprimant sur la chaîne française TF1 dimanche, Thierry Breton, qui est chargé des aspects industriels de la fabrication des vaccins contre la COVID-19 dans l’UE, a laissé entendre que ce serait Moscou qui aurait besoin de l’aide européenne, car la Russie a un « mal fou à fabriquer » le Spoutnik V.

La campagne de vaccination dans l’UE a subi de nombreux accrocs, notamment du fait de retards de livraisons. La Russie affirme être en pointe en la matière.

Vladimir Poutine a en fait indiqué lundi que 4,3 millions de Russes avaient reçu à ce jour les deux doses nécessaires, pour une population de 146 millions d’habitants.

À l’heure où une demande d’homologation est examinée par l’Agence européenne des médicaments (AEM), un groupe d’experts de cette agence est attendu en Russie le 10 avril pour étudier les essais cliniques effectués pour le Spoutnik V, a indiqué le ministre russe de la Santé Mikhaïl Mourachko.

Accueilli initialement avec scepticisme à l’étranger lors de son annonce à l’été, le Spoutnik V a vu sa fiabilité validée en février par la revue scientifique The Lancet.

« Propagande »

L’UE a critiqué Moscou pour sa diplomatie vaccinale, l’accusant de « propagande » pour gagner en influence sur la scène internationale avec des livraisons de vaccins pourtant très limitées.

La Russie cherche à multiplier les accords de production pour fournir l’étranger plutôt que d’exporter, réservant ses capacités réduites à l’approvisionnement de la population russe.

Moscou a notamment signé ces derniers jours trois accords pour la production de 652 millions de doses en Inde.

Selon le Fonds souverain russe (RDIF) qui a financé en partie le développement du Spoutnik V, le vaccin est désormais autorisé dans 55 pays, couvrant 1,4 milliard de personnes.