(Paris) Les nouvelles restrictions qui touchent un tiers des Français, vont-elles suffire à freiner l’épidémie de COVID-19 dans les régions concernées, alors que le ras-le-bol est de plus en plus manifeste, comme en témoigne un carnaval dimanche à Marseille, rassemblant des milliers de jeunes.

Quelque 6500 personnes, quasiment toutes jeunes et non masquées, ont défié dimanche les restrictions sanitaires pour un carnaval dans les rues de cité phocéenne non autorisé qualifié d’« exutoire » mais jugé totalement « irresponsable » par la police.

Karine Lacombe, cheffe de service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, rappelle que « ce genre de situation peut entraîner des milliers d’infections secondaires si parmi toutes ces personnes, certaines sont porteuses, même asymptomatiques ».  

Mais « ce que cela reflète, c’est le ras-le-bol de tout le monde. On a le sentiment de ne pas voir la fin », a ajouté la cheffe de service sur BFMTV, appelant à « faire preuve de plus de pédagogie et puis surtout passer à la vitesse supérieure en termes de vaccination ».

« Les semaines devant nous seront difficiles, la vague monte », a prévenu le ministre de la Santé, Olivier Véran, dimanche dans Le Parisien/Aujourd’hui en France.

La pression augmente en effet sur les services de réanimation avec plus de 4406 malades de COVID-19, soit le chiffre le plus élevé depuis fin novembre, selon les chiffres de dimanche. Il faut remonter au 23 novembre pour retrouver un chiffre aussi élevé. Et le taux de positivité progresse encore, à 8 %.  

L’épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique qui guide le gouvernement, a appelé dans le JDD à « agir » sans plus attendre et à tester l’impact de nouvelles mesures dans les régions encore épargnées, « avant d’arriver au stade où l’on n’a plus d’autre choix que de tout fermer ».

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Contrairement aux deux premiers confinements, on peut rester à l’extérieur aussi longtemps qu’on veut, le gouvernement ayant cette fois-ci pris en compte le fait qu’on se contamine davantage à l’intérieur que dehors.

Augmenter la vaccination

« Hormis la façade atlantique […] et peut-être la Corse qui ont toujours mieux résisté, on peut redouter que les autres régions basculent bientôt dans une situation très difficile avec la poussée du variant anglais », a-t-il prévenu.

Des épidémiologistes se sont montrés dubitatifs quant à l’impact de ces mesures entrées en vigueur samedi pour au moins quatre semaines dans 16 départements (les huit d’Ile-de-France, les cinq des Hauts-de-France, la Seine-Maritime, l’Eure et les Alpes-Maritimes), soit 21 millions d’habitants (dont les 12 millions de la région parisienne).

« On peut peut-être freiner un petit peu, mais la situation épidémiologique ne va pas s’arranger rapidement avec les mesures qui sont prises », a redouté sur BFMTV William Dab, ancien Directeur général de la santé (le n° 2 du ministère)

« On est déjà sur un plateau qui est extrêmement haut, on n’aura pas d’impact de ces mesures avant deux, trois semaines. Est-ce que ça va suffire ? On en doute », a déclaré pour sa part Karine Lacombe.

Pour l’heure, 6,1 millions de personnes ont reçu au moins une injection, dont 2,4 leurs deux doses. Des chiffres insuffisants aux yeux de la maire de Paris, Anne Hidalgo qui a appelé à « débrider » la vaccination pour que « toutes celles et ceux qui veulent puissent le faire ».  

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Pour l’heure, 6,1 millions de personnes ont reçu au moins une injection en France, dont 2,4 leurs deux doses.

« La seule chose qui bride la vaccination, c’est le nombre de doses », a répliqué le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal. Gabriel Attal.

Ne pas recevoir chez soi

Les principaux changements sont la fermeture de nouveaux commerces et l’interdiction d’aller à plus de 10 km de chez soi pour se promener ou faire du sport en journée.  

Pour cela, plus besoin d’attestation. Celle qui avait initialement été prévue a été supprimée samedi peu après sa publication, car sa complexité lui avait valu de nombreuses moqueries.

On peut en outre se déplacer dans tout son département pour faire ses achats. Ces mesures se durcissent de 19 h à 6 h du matin, avec un couvre-feu dans l’ensemble de la métropole.

Contrairement aux deux premiers confinements, on peut rester à l’extérieur aussi longtemps qu’on veut, le gouvernement ayant cette fois-ci pris en compte le fait qu’on se contamine davantage à l’intérieur que dehors.

M. Attal a souligné la nécessité de ne pas recevoir de personnes extérieures au foyer, non seulement le soir comme c’était déjà le cas avec le couvre-feu, mais aussi à déjeuner.

« La stratégie consiste à dire : avec le retour des beaux jours, sortez, promenez-vous, faites du sport, tout en évitant les regroupements. Mais en contrepartie, et il faut insister, limitez au maximum vos rencontres en intérieur et si vous en avez, appliquez strictement les gestes barrière », a souligné le Pr Fontanet.

Parmi les nouveaux contaminés figure la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, qui l’a annoncé samedi soir sur Twitter. La veille, elle avait décoré le chanteur Michel Sardou commandeur de la Légion d’honneur, puis assisté, selon le quotidien Libération, à la captation de l’opéra Faust à l’Opéra Bastille.