Le premier ministre néerlandais Mark Rutte s’est félicité d’un « vote de confiance massif » mercredi, après trois jours d’élections législatives dominées par la pandémie de COVID-19 et dont son parti est sorti vainqueur, d’après les sondages à la sortie des urnes.

« Je note que le résultat de cette élection est que les électeurs des Pays-Bas ont donné à mon parti un vote de confiance massif », a déclaré M. Rutte à des journalistes dans le parlement à La Haye.

Le parti libéral du premier ministre sortant est arrivé en tête des élections, ce qui devrait lui permettre de diriger sa quatrième coalition gouvernementale, selon les sondages.

Au pouvoir depuis 2010, M. Rutte a assuré avoir « de l’énergie pour encore 10 ans ».

Les dernières estimations créditaient les libéraux de 35 sièges sur les 150 de la chambre basse du parlement, contre 33 dans l’assemblée sortante, et attribuaient 26 sièges à D66 (centre gauche) et 18 au Parti pour la liberté (PVV) du député anti-islam Geert Wilders, avec lequel les principales formations ont d’ores et déjà exclu de former une coalition.

Deuxième plus grand parti du pays avant ces élections, le PVV perd trois sièges, un résultat décevant pour son leader, qui a déclaré devant les journalistes avoir « espéré plus ».

Avec 26 sièges, soit 7 supplémentaires, les progressistes pro-européens du D66 ont remporté la plus grande victoire de l’histoire du parti, emmenés par la ministre du Commerce extérieur et de la Coopération pour le développement, Sigrid Kaag.

« Je vois la confiance que nous avons reçue comme une confirmation que nous sommes le seul parti progressiste à avoir exercé une influence ces dernières années », a déclaré Mme Kaag, qui est apparue dansant debout sur une table sur une photo postée sur Twitter.

M. Rutte a déclaré qu’il était probable que les négociations pour former un nouveau gouvernement de coalition se feront avec le D66 et le CDA (chrétiens-démocrates) du ministre des Finances Wopke Hoekstra, qui a 14 sièges.

Le PvdA (sociaux-démocrates) a récolté 9 sièges, et les écologistes de Groenlinks et la gauche radicale du SP 8 sièges chacun.

Le parti du populiste Thierry Baudet, le Forum pour la démocratie, ferait une bonne affaire en remportant également 8 sièges, contre 2 actuellement.

Elections aménagées

Ces législatives avaient été aménagées à cause de la COVID-19, notamment en se déroulant sur trois jours, et elles étaient considérées comme un test de la gestion de l’épidémie par le gouvernement actuel.

Les urnes se trouvaient dans des endroits inhabituels tels que le musée Van Gogh à Amsterdam, des hôtels, des gares, des églises et des centres de tests aux quatre coins des Pays-Bas, où l’on pouvait parfois voter à vélo ou en voiture.

M. Rutte s’était lui-même dit « prudemment » optimiste avant d’aller voter dans une école de La Haye.

« Je suis fier de ce que nous avons accompli au cours des 10 dernières années aux Pays-Bas », l’une des économies les plus performantes d’Europe, avait déclaré M. Rutte devant les journalistes avant de voter.

« La principale question lors de ces élections est de savoir qui peut le mieux mener ce pays à travers la crise du coronavirus », avait-t-il ajouté.

Un nombre record de 37 partis se disputaient 150 sièges à la chambre basse du Parlement, dans un paysage politique fragmenté qui oblige à des coalitions complexes.

M. Rutte a exclu toute coalition avec Geert Wilders « à cause de ce qu’il a dit sur l’islam et le Coran ». Un des partis de la coalition actuelle, l’Appel chrétien-démocrate (CDA) du ministre des Finances Wopke Hoekstra, serait à nouveau un « partenaire naturel » pour le premier ministre.

Le député anti-islam a insisté pour que son parti soit invité à la table des négociations lors de la formation d’une coalition gouvernementale à l’issue du scrutin.

Surnommé le premier ministre « Téflon » pour sa capacité à sortir indemne des crises politiques, Mark Rutte a pourtant été contraint de démissionner en janvier après que des milliers de parents ont été accusés à tort de fraude aux allocations familiales.

Son gouvernement est toutefois resté en place pour s’occuper des affaires courantes.