(Londres) Le premier ministre britannique Boris Johnson a assuré mardi que le vaccin d’AstraZeneca/Oxford contre la COVID-19 est « sûr » et « extrêmement » efficace, après sa suspension par plusieurs pays, inquiets d’éventuels effets secondaires graves.

« Ce vaccin est sûr et marche extrêmement bien », a assuré le dirigeant conservateur dans le quotidien The Times, soulignant qu’il était aussi « relativement facile à distribuer » et « dispensé à prix coûtant ».  

Le vaccin développé par le groupe pharmaceutique suédo-britannique AstraZeneca avec l’université d’Oxford est l’un des deux, avec celui des laboratoires américain et allemand Pfizer/BioNTech, actuellement administrés dans le cadre de la campagne de vaccination de masse au Royaume-Uni, où près de 24,5 millions de premières doses ont déjà été injectées depuis début décembre.  

Les experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se penchent mardi sur la sûreté de ce vaccin. Une douzaine de pays, notamment la France, l’Allemagne et l’Italie, en ont suspendu par précaution l’administration à la suite du signalement d’effets secondaires « possibles », mais sans lien avéré à ce stade, comme de graves problèmes sanguins chez des personnes vaccinées (difficultés à coaguler ou formation de caillots).

Mais l’OMS, en première ligne dans la lutte internationale contre la pandémie, préconise d’ores et déjà de continuer de vacciner contre la COVID-19 avec l’AstraZeneca.

Les pays qui ont suspendu les injections du vaccin

Une quinzaine de pays, dont l’Allemagne, la France et l’Italie, ont suspendu par précaution l’utilisation du vaccin AstraZeneca contre la COVID-19, après le signalement d’effets secondaires « possibles », mais sans lien avéré à ce stade.

Le groupe pharmaceutique anglo-suédois affirme qu’il n’y a « aucune preuve de risque aggravé » de caillot sanguin entraîné par son vaccin, tandis que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de continuer la vaccination avec ce sérum, avant une réunion de ses experts mardi.

Pour l’Agence européenne des médicaments (EMA), qui aura une « réunion extraordinaire » sur le sujet jeudi, les avantages du vaccin l’emportent toujours sur les risques.

Suspension après des caillots sanguins

Le Danemark a été le premier pays à suspendre l’utilisation du vaccin AstraZeneca, le 11 mars, « après des rapports de cas graves de formation de caillots sanguins » chez des personnes vaccinées.

La Norvège lui a emboîté le pas le même jour. Le pays a rapporté lundi le décès d’une soignante de moins de 50 ans qui a succombé des suites d’une hémorragie cérébrale. Elle avait été hospitalisée jeudi, une semaine environ après avoir reçu le vaccin AstraZeneca, sans qu’un lien de causalité puisse être établi à ce stade.

Une autre soignante d’une trentaine d’années était déjà morte vendredi en Norvège, dix jours après avoir reçu le même vaccin.

L’Islande a pris la même décision.

Dans le sillage des pays nordiques

La Bulgarie a annoncé le 12 mars la suspension « par précaution » des injections, au lendemain des décisions prises par les trois pays nordiques, tandis qu’une enquête est en cours après le décès d’une femme vaccinée.

Toutefois, selon le ministre de la Santé, « aucun lien n’a été établi » à ce stade avec la vaccination survenue la veille de cette femme, qui souffrait de surpoids et avait subi plusieurs pontages coronariens.

Dimanche, ce sont l’Irlande et les Pays-Bas qui ont également suspendu l’utilisation du vaccin, toujours par précaution, après les cas de caillots sanguins rapportés au Danemark et en Norvège.

Sept pays européens - l’Allemagne, la France, l’Italie, la Slovénie, l’Espagne, le Portugal et la Lettonie-, ont à leur tour décidé lundi de suspendre l’utilisation de ce vaccin, à titre préventif.

Cette décision de suspension intervient « après de nouvelles informations concernant des thromboses de veines cérébrales en lien avec la vaccination en Allemagne et en Europe », a précisé un porte-parole du ministère allemand de la Santé.

Mardi, le Luxembourg, Chypre et la Suède en ont fait de même.

Campagne de vaccination retardée

La Thaïlande et la République démocratique du Congo (RDC) ont retardé le démarrage de leurs campagnes de vaccination avec ce vaccin. Après une suspension de quelques jours, la Thaïlande a finalement débuté mardi son déploiement, et son premier ministre a reçu la première dose.

L’Indonésie a également décidé lundi de reporter par prudence le lancement de sa campagne de vaccination avec AstraZeneca.

Le même jour, le Venezuela, qui utilise depuis février les vaccins russe Spoutnik V et chinois Sinopharm, a indiqué qu’il ne donnerait pas d’autorisation pour utiliser la formule AstraZeneca.

Suspensions de lots

L’Autriche avait annoncé dès le 8 mars suspendre l’utilisation d’un lot de vaccins AstraZeneca (ABV5300) après qu’une infirmière de 49 ans était décédée de « graves problèmes de coagulation sanguine », quelques jours après avoir été vaccinée.

Deux autres pays européens - l’Estonie et la Lituanie - ont également suspendu l’utilisation des vaccins de ce lot d’un million de doses, qui a été envoyé dans 17 pays européens.

La Lettonie et le Luxembourg avaient dans un premier temps pris la même mesure avant de décider de suspendre l’utilisation du vaccin.

De son côté, la Roumanie a suspendu un autre lot, ABV2856, en raison de craintes liées à la formation de caillots de sang.