(Paris) La France a dépassé vendredi le chiffre symbolique de 90 000 morts de la COVID-19 depuis le début de l’épidémie il y a un an et elle n’est toujours pas tirée d’affaire, puisque la situation de l’Île-de-France (région parisienne) inquiète, au point de faire ressurgir l’hypothèse d’un confinement.

Selon l’agence sanitaire Santé publique France, 90 146 personnes sont mortes depuis le début de l’épidémie dans les hôpitaux et les maisons de retraite médicalisées, sans compter les décès à domicile.

Et avec 20 000 à 30 000 contaminations par jour (25 000 vendredi), l’épidémie est loin de faiblir.

La situation est jugée particulièrement inquiétante en Île-de-France. « Nous suivons au jour le jour cette situation pour nous tenir prêts à tout moment à prendre les mesures que celle-ci appelle », a déclaré le premier ministre Jean Castex après une visite à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière.

Jeudi, le ministre de la Santé Olivier Véran avait annoncé le transfert prochain « de dizaines, voire de centaines de patients » d’Île-de-France vers d’autres régions, pour éviter que les réanimations ne débordent.  

« À force d’attendre, il n’y aura plus de stratégie alternative au confinement », a déploré Anne Souyris, adjointe EELV (écologiste) à la mairie de Paris chargée de la santé publique, en réclamant « une vaccination à un niveau beaucoup plus important dans les zones très touchées ».

« Ce week-end, en Île-de-France, nous allons accélérer la vaccination comme le week-end dernier, avec 25 000 doses supplémentaires », a promis Jean Castex.

Pour l’instant en France, 4 819 924 personnes ont reçu au moins une première injection, tandis que 2 219 277 ont reçu deux doses.

Quatre vaccins

Selon l’ARS (Agence régionale de santé), 1082 malades sont hospitalisés en réanimation dans la région parisienne, la plus peuplée du pays, et le taux d’incidence y est de 365 cas pour 100 000 habitants contre 220 au niveau national.

Le gouvernement a jusque-là voulu éviter un confinement strict, comme au printemps, optant pour des confinements locaux le week-end. Paris et sa banlieue vivent depuis 7 semaines sous couvre-feu de 18 h à 6 h, et les restaurants, bars, lieux culturels et salles de sport sont fermés depuis quatre mois.

Dans tout le pays, plus de 4000 malades sont en réanimation, un niveau inédit depuis fin novembre. Cela reste en dessous des pics de la première vague (7000 au printemps) et de la deuxième vague (4900 à l’automne), mais le rythme s’est accéléré.

Le variant serait responsable de davantage de formes graves, ce qui expliquerait pourquoi les réanimations se remplissent plus vite, a avancé Olivier Véran jeudi. Il s’appuie sur une étude anglaise selon laquelle le variant est 64 % plus mortel que le coronavirus classique, en plus d’être plus contagieux.

Même si cela semble de plus en plus difficile, les autorités parient sur une accélération de la vaccination, avec un objectif de 10 millions de premières injections d’ici mi-avril.

À terme, la France va disposer d’un quatrième vaccin, après l’autorisation accordée vendredi à celui de Johnson & Johnson.

Mais la décision de plusieurs pays de suspendre l’utilisation du vaccin AstraZeneca, risque de nourrir la défiance.

Ces pays ont pris cette mesure par précaution à cause de craintes liées à la formation de caillots sanguins. Mais il « n’y a pas de raison de ne pas utiliser » ce vaccin, a affirmé vendredi l’OMS.

En effet, ce risque de troubles de la coagulation n’est statistiquement pas plus fort chez les patients vaccinés avec AstraZeneca que chez les autres, insistent les autorités sanitaires européennes et françaises.

L’Agence nationale du médicament (ANSM) a ainsi recommandé vendredi de continuer la vaccination avec AstraZeneca.