(San Francisco) Facebook a démantelé un réseau de faux comptes russes sur Instagram qui tentaient de décourager les manifestants de protester contre l’arrestation de l’opposant Alexeï Navalny ces dernières semaines, a indiqué le géant des technologies mercredi.

La plateforme a retiré 530 comptes, qui étaient suivis par environ 55 000 utilisateurs d’Instagram en tout, et qui postaient des contenus dont le message visait à discréditer les opposants politiques au gouvernement.

Manipulations

Une photo d’un patient à l’hôpital, entouré du personnel médical portant lunettes et masques de protection, a par exemple circulé avec cette légende : « Je suis allé manifester le 23 janvier. Maintenant mon grand-père est sous ventilateur ».

Plus de 10 000 personnes ont été arrêtées en Russie depuis le début du mouvement de protestation pro-Navalny le 23 janvier, d’après une ONG.

Facebook a attribué le réseau de faux comptes à « des individus en Russie », la plateforme n’ayant pas réussi à identifier avec certitude l’organisation ou les personnes responsables de cette campagne de manipulation, détectée grâce à ses algorithmes et à ses équipes de modérateurs.

« C’est un exemple intéressant de tactiques classiques de la part des pourriels ou d’acteurs motivés financièrement, ici utilisées pour tromper des gens pendant des manifestations civiques », a souligné David Agranovich, le directeur d’une équipe de lutte contre les campagnes de manipulation qui abusent des applications de Facebook.

Hashtags empoisonnés et photo fabriquées

Pour cibler la bonne audience, cette campagne russe a « empoisonné » des hashtags (mots-clefs) et des noms de lieux (géolocalisations) avec de fausses informations et autres messages de propagande.

« Dans une tentative de noyer les informations pertinentes, ce réseau avait recours à des centaines de comptes et des contenus postés en masse avec les mêmes hashtags et localisations utilisés par les manifestants », a expliqué M. Agranovich.

Les profils comportaient des photos génériques et de fausses identités, mais aussi des photos fabriquées grâce à des techniques d’intelligence artificielle, « pour se faire passer pour des militants authentiques, ayant des doutes » sur la pertinence des manifestations, a-t-il ajouté.

Facebook et des organisations étatiques russes ont un historique chargé depuis les tentatives de manipulation de scrutins en 2016, notamment de la part d’agences russes.

Le groupe californien publie tous les mois un rapport sur les campagnes de propagande non authentiques (menées par des acteurs qui dissimulent leurs véritables intentions et cherchent à manipuler le débat public) qu’il a identifiées et démantelées.