(Londres) Le Royaume-Uni semble vendredi en passe de réussir son pari ambitieux de vacciner contre le coronavirus environ 15 millions de personnes vulnérables d’ici lundi, laissant entrevoir une porte de sortie au strict confinement en place depuis début janvier.

« On dirait que nous sommes sur la bonne voie » pour atteindre l’objectif de vacciner les quatre premiers groupes prioritaires — plus de 70 ans, soignants, employés et résidents des maisons de retraite — a souligné dans une vidéo sur Twitter le premier ministre Boris Johnson.

C’est un tour de force pour le chef du gouvernement conservateur, jusqu’ici crédité d’une gestion chaotique de la pandémie qui a contaminé plus de quatre millions de personnes et fait plus de 116 000 morts au Royaume-Uni, le pays le plus endeuillé d’Europe.

PHOTO JON SUPER, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Boris Johnson discute avec Christopher Nicholls, qui avait contracté la COVID-19 au même moment que le premier ministre, dans un centre de vaccination de Batley, dans le nord de l'Angleterre, le 1er février.

Son gouvernement a fait de la campagne de vaccination, la première à avoir été lancée dans un pays occidental début décembre, une cause nationale pour sortir de la crise sanitaire, face à un nouveau variant beaucoup plus contagieux apparu en Angleterre.

Au total, plus de 14 millions de personnes ont déjà reçu une première dose du vaccin AstraZeneca/Oxford ou du Pfizer/BioNTech, selon des chiffres officiels arrêtés à la date de jeudi.

Plus de 530 000 personnes ont été vaccinées avec les deux doses requises, que les autorités ont décidé d’espacer jusqu’à 12 semaines pour pouvoir immuniser le plus de gens possible.  

Gallois en tête

Le Pays de Galles est la première des quatre nations britanniques vendredi à avoir proposé un vaccin contre la COVID-19 à ces personnes les plus à risque, soit 740 000 personnes, s’est félicité le premier ministre gallois, Mark Drakeford.  

« C’est une course contre le coronavirus », pas entre les différentes nations du pays, a-t-il insisté. Ce succès devrait bientôt permettre un relâchement « prudent » de certaines restrictions vers le printemps, selon lui.  

PHOTO GEOFF CADDICK, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

En Angleterre, le gouvernement de Boris Johnson espère pouvoir commencer à lever très progressivement le confinement imposé début janvier à partir du mois de mars, visant en priorité la réouverture des écoles actuellement fermées, tout comme des magasins non essentiels, des pubs et des restaurants.

Mis sous pression par certains députés de sa majorité conservatrice pour desserrer fortement la vis, le dirigeant présentera le 22 février une feuille de route « pour rouvrir les écoles et graduellement notre économie et la société », a dit son porte-parole.  

« Les dernières données montrent clairement que nous demeurons dans une situation difficile avec le service public de santé encore très fortement sous pression », a-t-il souligné.  

L’épidémie recule

Les contaminations, qui avaient culminé à plus de 68 000 en un jour début janvier, ont toutefois chuté drastiquement depuis le début du confinement.  

Pour la première fois depuis juillet, la fourchette d’estimation du taux de reproduction du virus est entièrement passée sous 1, se situant entre 0,7 et 0,9, signifiant que l’épidémie recule.  

Vendredi, le Bureau national des statistiques a estimé qu’un habitant de l’Angleterre sur 80 était infecté par le virus la semaine dernière, et un sur 60 à Londres, contre respectivement un sur 50 et un sur 30 début janvier.  

Si le Royaume-Uni commence à entrevoir le bout du tunnel, l’épidémiologiste Neil Ferguson a mis en garde contre toute précipitation.

« J’ai bon espoir que ce sera le dernier confinement, pour autant que nous soyons relativement prudents quand nous en sortirons », a-t-il indiqué sur un podcast de Politico. Un retour à la normale ne pourra intervenir avant que toute la population adulte n’ait été vaccinée, a-t-il ajouté.  

Selon l’expert, qui conseille l’exécutif, « il est très improbable que ce virus puisse un jour être éradiqué de la population humaine » : « cela deviendra un coronavirus endémique » qui pourra être géré grâce à des « immunisations de routine », comme pour la grippe.  

D’ici mai, le gouvernement compte avoir vacciné les neuf groupes prioritaires, soit 32 millions de personnes vulnérables ou âgées de plus de 50 ans, représentant 99 % des morts. Et tous les adultes d’ici septembre.

Si l’acceptation de la vaccination est globalement élevée au Royaume-Uni, la réticence est plus forte chez les minorités et le service de santé diffuse des vidéos dans différentes langues ou faisant appel à des célébrités comme Elton John pour les encourager.