(Paris) Le ministre de la Santé s’est inquiété jeudi soir de la situation en Lorraine, où un nombre important de cas de variants sud-africain et brésilien du coronavirus ont été détectés, risquant de mettre à mal la relative stabilité du pays sur le plan épidémiologique.

« Il nous faut être prêts à agir évidemment, si la situation devait le nécessiter, afin de protéger la population dans un territoire qui a déjà payé un lourd tribut à la pandémie », a affirmé Olivier Véran lors d’une conférence de presse portant notamment sur une éclosion dans le département de la Moselle, dans le nord-est de la France.

Il se rendra dès vendredi dans le département, où ont été identifiés plus de 300 cas de mutations de variants sud-africain et brésilien « ces quatre derniers jours ». Des mutations qui pourraient être « moins sensibles à certains vaccins disponibles » et « échapper aux anticorps fabriqués » par les personnes guéries de la COVID-19, a-t-il souligné.

Sans plus attendre, le maire (LR) de Metz François Grosdidier s’est prononcé, sur BFMTV, en faveur d’un reconfinement local. Comme on lui demandait s’il y avait urgence à reconfiner la Moselle, il a répondu : « Je pense que oui, hélas ».

En dépit de cette situation, qualifiée d’« inquiétante » par le ministre, la circulation du coronavirus reste stable en France, où le gouvernement va disposer d’un nouvel outil avec les tests salivaires à l’école.

21 063 cas positifs de COVID-19 ont été comptabilisés en 24 heures par Santé publique France jeudi, dans la moyenne des derniers jours.  

« Le couvre-feu (à 18 h) permet un contrôle épidémique que nous suivons jour après jour », a assuré jeudi devant les députés le directeur général de la santé, Jérôme Salomon.  

Signe encourageant, les nouvelles entrées à l’hôpital sur une semaine sont repassées sous la barre des 11 000.

27 000 hospitalisations, dont 3300 aux soins intensifs

Mais la charge reste élevée avec environ 27 000 malades de la COVID-19 toujours hospitalisés.

À l’heure actuelle, le ministère de la Santé dénombre « à peu près 5800 » patients soignés aux soins intensifs en France, toutes pathologies confondues, a relevé devant la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale la directrice générale de l’offre de soins, Katia Julienne. Un chiffre supérieur aux capacités du pays avant la crise sanitaire (5100 lits). Parmi ces malades, un peu plus de 3300 sont atteints de la COVID-19.

Pour les enfants

Sur le front du dépistage, la Haute autorité de santé (HAS) a donné son feu vert aux tests salivaires pour les personnes sans symptômes, qui ont l’avantage d’être moins désagréables que ceux nécessitant l’introduction de l’écouvillon dans le nez.

La HAS recommande de les étendre surtout aux dépistages répétés dans des populations ciblées telles que les écoles, les universités, les maisons de retraite, les personnels soignants.

« Nous avons décidé de le déployer d’abord dans les écoles », a expliqué le premier ministre Jean Castex, dans un établissement scolaire du XIIIe arrondissement parisien, où se déroule cette semaine une opération pilote.

Fixant un objectif d’au moins 200 000 tests par semaine dans un premier temps, Jean Castex a également évoqué leur intérêt pour les soignants, « des populations qui sont obligées de se tester souvent ». En revanche, il ne s’agit pas de tests rapides, comme les tests antigéniques, et le temps d’attente des résultats est similaire aux tests PCR (environ 24 heures).

Maintenir les écoles ouvertes

Après deux mois de fermeture au printemps durant le premier confinement, le gouvernement a fait du maintien des écoles ouvertes l’un de ses principaux objectifs durant la crise sanitaire. L’exécutif s’accroche aussi à sa promesse de tout faire pour éviter un nouveau confinement, malgré des prédictions alarmantes d’épidémiologistes et de médecins sur la circulation des variants du virus.

Mais la France reste soumise depuis la mi-janvier à un couvre-feu généralisé à 18 h, et les bars, restaurants, lieux culturels demeurent fermés depuis la fin octobre. En un an de crise sanitaire, 360 000 emplois ont été supprimés en France. Les dégâts ne sont pas encore complètement mesurables, car les aides de l’État, qui se chiffrent en dizaines de milliards d’euros, ont jusqu’ici permis de limiter la casse.

Signe que la crise va durer, le festival de musique Solidays, qui permet de financer l’association Solidarité sida et qui devait se dérouler du 18 au 20 juin, est annulé pour la deuxième année consécutive. Le Carnaval de Nice, prévu pour débuter samedi, n’aura pas lieu non plus.  

La vaccination reste la seule perspective de sortir du tunnel, mais elle ne se dessine pas pour tout de suite. 2 060 675 ont reçu au moins une dose de vaccin.