(Lisbonne) L’épidémie de COVID-19 a battu jeudi de nouveaux records de morts et de contagions au Portugal, qui a décidé d’interdire les déplacements non essentiels à l’étranger pendant que ses hôpitaux sont soumis à une pression « gigantesque ».

Le pays actuellement le plus durement frappé au monde, en proportion de sa population de 10 millions d’habitants, a enregistré jeudi 303 décès et 16 432 cas supplémentaires en 24 heures, selon le rapport quotidien de la Direction générale de santé.

Le bilan total depuis le début de la pandémie s’élève ainsi à 11 608 morts, dont plus de 3000 au cours des deux dernières semaines, alors que le pays est soumis depuis le 15 janvier à un deuxième confinement général.

« Clairement les choses se passent très mal », a admis le premier ministre Antonio Costa, lors d’un entretien accordé mercredi soir à une télévision nationale.

« Nous avons observé une croissance exponentielle des nouveaux cas, et cela amène à de nouvelles hospitalisations qui à leur tour provoquent une pression gigantesque sur le Service national de santé », a-t-il précisé en ajoutant que « cette tension va sûrement durer plusieurs semaines ».

Le nombre de personnes hospitalisées a toutefois baissé jeudi, à 6565 malades (dont 782 en soins intensifs), pour la première fois depuis le début de l’année.

Zone à risque

Dans ce contexte, l’état d’urgence sanitaire en vigueur depuis début novembre sera pour la première fois assortie d’une interdiction des déplacements non essentiels.

« Sauf cas exceptionnels, pendant la prochaine quinzaine, les sorties de citoyens nationaux par voie aérienne, terrestre ou maritime, seront limitées », a annoncé le ministre de l’Intérieur, Eduardo Cabrita, lors d’une intervention au Parlement.

Cette nouvelle mesure de restriction doit entrer en vigueur à minuit dans la nuit de samedi à dimanche, de même que le rétablissement des contrôles aux frontières terrestres du pays.

« De la même façon que nous avions limité les vols du Royaume-Uni et suspendu les liaisons avec le Brésil, nous allons contribuer à la volonté européenne de limiter les vols entre zones à risque dans toute l’Union européenne », a expliqué M. Cabrita.

La Commission européenne, soucieuse d’éviter des fermetures de frontières au sein de l’UE, avait recommandé lundi aux États membres de mettre en place de nouvelles restrictions de déplacement pour les zones les plus touchées par le virus.

Le Portugal avait déjà suspendu la semaine dernière ses liaisons aériennes avec le Royaume-Uni. Lisbonne a ensuite annoncé mercredi la suspension de tous les vols avec le Brésil,  à partir de vendredi.

Variant anglais

D’après le premier ministre socialiste, l’épidémie s’est emballée depuis le début de l’année en raison de l’arrivée du nouveau variant détecté en Angleterre, alliée à l’allègement des mesures sanitaires décidé pendant le week-end de Noël.

« Si nous avions appris à temps l’existence du variant anglais, nous aurions sûrement pris des mesures différentes pour la période de Noël », s’est justifié Antonio Costa.

Il a également reconnu avoir commis « des erreurs » dans la façon de communiquer avec les Portugais. « Les gens n’ont compris que nous étions vraiment en confinement qu’avec la fermeture des écoles », décidée une semaine plus tard, a-t-il regretté.

Le gouvernement a décidé jeudi que les écoles resteront fermées, passant à partir du 8 février à l’enseignement à distance.

Dans les hôpitaux portugais, la situation semblait de plus en plus critique. Entre mardi et mercredi, un hôpital de la banlieue ouest de Lisbonne a dû transférer d’urgence plus d’une centaine de patients en raison d’un problème dans son réseau de distribution d’oxygène.