(Moscou) Un tribunal de Moscou a condamné lundi à six ans de prison un jeune mathématicien d’extrême gauche, accusé d’avoir vandalisé un bureau du parti au pouvoir et considéré comme un « prisonnier politique » par l’ONG russe Memorial.

Azat Miftakhov, 27 ans, a été reconnu coupable de « hooliganisme », a confirmé à l’AFP son avocate, Svetlana Sidorkina, précisant que son client, qui se dit innocent, fera appel.

« Nous ne sommes pas d’accord avec cette décision […] basée notamment sur deux témoignages anonymes qui n’ont pu être vérifiés », a soutenu Mme Sidorkina.

Deux autres suspects dans cette affaire, Elena Gorban et Andreï Eïkine, ont pour leur part été condamnés respectivement à quatre et deux ans de prison avec sursis.

Étudiant en thèse à la faculté de mécanique et de mathématiques de l’université d’État de Moscou, Azat Miftakhov se présente ouvertement comme un militant anarchiste. Il avait interpellé en février 2019.

Selon l’accusation, le jeune homme fait partie d’un groupe de six personnes ayant brisé une vitre d’un local du parti de Vladimir Poutine « Russie Unie », dans le nord de Moscou, fin janvier 2018, et d’y avoir jeté un fumigène.

Début février 2019, avant son inculpation, il avait été interpellé dans le cadre d’une autre affaire pour « fabrication d’explosif » pour laquelle il n’a pour l’heure pas été inculpé.

Selon son avocate, il avait été frappé par des policiers et avait subi des pressions lors de cette première détention.

Alors que l’ONG Mémorial l’a qualifié de « prisonnier politique », une pétition appelant à sa libération a rassemblé près de 90 000 signatures.

Plus de 2500 mathématiciens à travers le monde, d’après le journal russe Novaïa Gazeta, ont également menacé de boycotter un congrès international dans cette discipline, prévu en 2022 à Saint-Pétersbourg, si l’étudiant n’était pas libéré.

Les autorités russes ont condamné ces derniers mois plusieurs groupes de jeunes sympathisants d’extrême gauche — dont certains à de très lourdes de peines — dans des affaires décriées par les défenseurs des droits humains.